Nu féminin
[1924]
Nu féminin
[1924]
Domain | Dessin |
---|---|
Techniques | Sanguine et pierre noire sur papier collé sur carton |
Dimensions | 64,7 x 49,3 cm |
Acquisition | Achat, 1981 |
Inventory no. | AM 1981-9 |
Detailed description
Artist |
Jean Fautrier
(1898, France - 1964, France) |
---|---|
Main title | Nu féminin |
Title given | Andrée Pierson |
Creation date | [1924] |
Domain | Dessin |
Techniques | Sanguine et pierre noire sur papier collé sur carton |
Dimensions | 64,7 x 49,3 cm |
Inscriptions | Signé en bas à droite : Fautrier. Non daté |
Acquisition | Achat, 1981 |
Collection area | Cabinet d'art graphique |
Inventory no. | AM 1981-9 |
Analysis
Fautrier, précurseur de l’informel… Mais, en 1922-1924, son dessin appuyé, aigu, voire cruel, s’attache à une figuration des plus réalistes. Fautrier exécute plusieurs grandes études de nus à la sanguine, certaines de plus d’un mètre. Ce Nu de glaise, au corps lourd et las, décrit sans complaisance, est modelé par un clair-obscur qu’accentuent les rehauts de pierre noire – Fautrier sculpteur s’annonce ici (Grand torse, 1928, MNAM). Aucune parure, aucune couleur, aucun décor. Le modèle est comme absent, le regard ailleurs ; le cadrage ne privilégie pas la tête, « coupée » en partie, mais les seins et le ventre, le bas-ventre, et les cuisses. Posé nu sur le papier blanc, le corps est livré à l’observation. La chair est le seul sujet – triste chair, mais dont la densité, les ombres satinées, inquiétantes, subjuguent qui la contemple.
De la Concierge de la rue Nicolet (1921-1922) à L’Idiot (1925), Fautrier peint durant cette période des toiles dont le réalisme âpre, presque morbide, rivalise avec celui de la Nouvelle Objectivité allemande. Ce Nu témoigne également, par sa sensualité puissante et les chatoiements d’ébène de sa carnation, de sa prédilection pour l’art africain. Viennent alors, en 1926-1927, les Sangliers écorchés, les Peaux de lapins et les Nus noirs, qui constituent ce que Fautrier nommera « l’époque noire ».
Jean Paulhan, dans Fautrier l’Enragé (1946-1949), a tenté de définir la nature du trouble provoqué par l’œuvre de ce premier Fautrier : « On ne sait pas très bien ce que Fautrier veut dire. […] Il ne se dégage de son œuvre aucun des sentiments simples et vagues qui semblent définir un peintre et rassurent, en tout cas, le spectateur : Courbet, l’érotisme panique ; Redon, la hantise de la cruauté ; Turner, la nuit sans ombre et la terre sans poids. […] Mais pour Fautrier, c’est tout le contraire : il semble n’avoir d’autre souci que de rendre à la terre le poids, l’obscurité à la nuit, dont il a manqué les priver. À la cruauté, sa tendresse. À l’âme, sa part d’épaisseur. […] Fautrier donne le sentiment d’un peintre ambigu. Qui se refuse au choix ; qui craint extrêmement d’être dupe. Cynique peut-être. Inflexible, à coup sûr, et comme indifférent. »
Anne Lemonnier
Source :
Extrait du catalogue Collection art graphique - La collection du Centre Pompidou, Musée national d'art moderne, sous la direction de Agnès de la Beaumelle, Paris, Centre Pompidou, 2008
Bibliography
Voir la notice sur le portail de la Bibliothèque Kandinsky
Jean Fautrier : Martigny, Fondation Pierre Gianadda, 2004-2005 (cat. n° 93, cit. p. 210, reprod. coul. p. 160) . N° isbn 2-88443-083-0
Voir la notice sur le portail de la Bibliothèque Kandinsky
Collection Art graphique : [Catalogue de] La collection du Centre Pompidou, Musée national d''art moderne - Centre de création industrielle. - Paris : éd. Centre Pompidou, 2008 (sous la dir. d''Agnès de la Beaumelle) (cit. et reprod. coul. p. 147) . N° isbn 978-2-84426-371-1
Voir la notice sur le portail de la Bibliothèque Kandinsky