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« Bande dessinée, 1964 - 2024 », la folle épopée du neuvième art

Pour la première fois, le Centre Pompidou propose avec « Bande dessinée, 1964 - 2024 » une immersion exceptionnelle dans les multiples univers du neuvième art. Planches originales, dessins inédits, carnets de travail… Les grands noms de la BD européenne, des mangas et des comics se répondent dans une fantastique traversée de l’histoire du médium — des foisonnements graphiques de l’underground aux styles contemporains les plus abstraits. Présentation par les commissaires, Anne Lemonnier (attachée de conservation, Musée national d’art moderne), et Emmanuèle Payen (directrice du département développement culturel et cinéma, Bibliothèque publique d’information)*.

± 4 min

L’exposition s’ouvre sur le tournant des années 1960, marqué par l’avènement de la contreculture. Partout dans le monde, alors que la bande dessinée est encore perçue comme un divertissement pour la jeunesse, des initiatives éditoriales s’adressent résolument à un public adulte. En France, Hara-Kiri, magazine « bête et méchant », offre à l’humour graphique de nouveaux territoires, tandis que les aventures de Barbarella de Jean-Claude Forest sont éditées en albums par Éric Losfeld. L’année 1964 voit le lancement au Japon du mensuel d’avant-garde Garo, qui décline sur différents modes le concept de bande dessinée d’auteur. En 1968, Robert Crumb s’impose avec Zap Comix comme le chef de file du mouvement underground aux États-Unis.

 

Posant les jalons des mondes multiples que cette révolution graphique a engendrés, un ensemble de planches d’auteurs majeurs de cette période, ainsi que de spectaculaires publications sont présentés dans la toute première salle. Autour d’un espace central, une scénographie en rayon déploie ensuite en douze thématiques le parcours de l’exposition, convoquant les imaginaires de la bande dessinée, les émotions qu’elle suscite, ainsi que la diversité des techniques artistiques employées. Plusieurs salons de lecture offrent au visiteur un temps de pause et d’approfondissement.

L’exposition propose aux visiteurs des échos inattendus entre les auteurs, s’arrêtant sur des œuvres majeures, permettant par exemple de découvrir le processus créatif de Maus, chef-d’œuvre d’Art Spiegelman, ou de s’immerger dans la suite de Lorenzo Mattotti inspirée par Bob Dylan. Des rencontres se forment autour des thèmes du rêve (avec un vaste ensemble de planches de Killoffer), du rire (avec des planches iconiques d’André Franquin, Gotlib, Claire Bretécher ou Catherine Meurisse), de l’anticipation (Osamu Tezuka, Philippe Druillet, Mœbius), du récit intime (Edmond Baudoin, Alison Bechdel, Ulli Lust) ou encore du récit mémoriel (Emmanuel Guibert, Marjane Satrapi).

 

De grands ensembles de planches sont présentés, mais aussi des dessins de couverture, des carnets, dont des pièces dévoilées au public pour la première fois, des éléments de documentation ainsi que des dispositifs audiovisuels avec la diffusion d’entretiens d’auteurs inédits. La création numérique est aussi exposée (Zeina Abirached, Pénélope Bagieu, Martin Panchaud…) et des créations murales inédites, de Blutch et de Chris Ware, ouvrent et terminent le parcours d’exposition, donnant à la bande dessinée une dimension spectaculaire. ◼

* Exposition en partenariat avec le Fonds Hélène & Edouard Leclerc

Conseillers scientifiques Thierry Groensteen (historien de la bande dessinée, ancien directeur du Musée de la bande dessinée à la Cité internationale de la bande dessinée et de l’image à Angoulême) et Lucas Hureau (directeur de MEL Compagnie des arts et du label MEL Publisher)