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Bridget Riley, Rouge avec tryptique rouge, 2010 - repro oeuvre

Focus sur... « Red with Red Triptych » de Bridget Riley

Ce 24 avril, Bridget Riley fête ses 92 ans. L'œuvre de cette pionnière de l’Op'art, un mouvement d’art abstrait qui explore la faillibilité de l’œil à travers les jeux optiques de la couleur et de la forme, procède par séries. Ses peintures donnent une sensation de mouvement, d’espace ou d’effets lumineux, replaçant la perception au cœur de l’expérience esthétique. En 2011, son célèbre tryptique rejoignait les collections du Musée national d'art moderne.

± 5 min

À quatre-vingt-douze ans, Bridget Riley (née à Londres en 1931) est la grande dame de l’art contemporain en Grande-Bretagne. Elle s’est rendue mondialement célèbre par sa participation à la légendaire exposition « The Responsive Eye » au MoMA (Museum of Modern Art) à New York en 1965, aux côtés de Victor Vasarely, Ad Reinhardt, Josef Albers et Yaacov Agam.

 

 

Trois années plus tard, elle investit le pavillon britannique à la Biennale de Venise où elle reçoit le grand prix de peinture. La première rétrospective européenne qui lui sera consacrée en 1970-1971 voyagera de Hanovre à Londres en passant par Berne, Düsseldorf et Turin. Mais il faut attendre la grande exposition du Musée d’art moderne de la Ville de Paris, en 2008, pour que l’œuvre de Bridget Riley conquière le public français. C’est à cette occasion qu’elle montre pour la première fois le panneau de gauche du triptyque Red with Red qui est alors la peinture la plus récente de l’exposition.

Cette œuvre préoccupe tant l’artiste qu’elle demande à la reproduire sur la couverture du catalogue de la manifestation. C’est à son retour à l’atelier, après la présentation parisienne, que Riley décide de retravailler l’oeuvre en la prolongeant dans l’espace par l’ajout de deux panneaux supplémentaires, de dimensions plus réduites. Chacun reprend une partie très précise du premier panneau, à la façon d’un rappel. Comme dans une composition musicale contemporaine, répétant le même thème de formes et de couleurs, Bridget Riley use du silence qu’elle traduit en interstices. Ces espaces déterminés de l’accrochage des toiles sur la cimaise font partie intégrale de l’oeuvre.

 

Il est tentant de voir dans ses compositions toutes en lignes et courbes une inspiration venue des papiers découpés d’Henri Matisse. Pour préparer ses peintures, Bridget Riley travaille de la même façon. Elle crée la composition à travers des maquettes en papier qu’elle fixe au mur avec des punaises. Riley « tisse » ainsi formes et couleurs avant de confier la « mise en peinture » finale à ses assistants, de parfaits techniciens, à la façon des grands maîtres de la Renaissance avec leurs ateliers : « Pourquoi perdre mon temps ? Ils font cela beaucoup mieux que je ne pourrai jamais le faire. » Tandis que l’œuvre de Riley se concentrait, dans les années 1960, sur une gamme grise, allant du blanc au noir, sa véritable nature de coloriste domine son travail depuis les années 1970. Cet élan pour la couleur explose aujourd’hui dans des oeuvres d’une fraîcheur remarquable, d’une parfaite maîtrise formelle et d’une grande audace coloriste, comme Red with Red Triptych. ◼