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Focus sur... « Slave Auction » de Jean-Michel Basquiat

Réalisé en 1982, Slave Auction est un tableau emblématique de l'œuvre de Jean-Michel Basquiat, qui puise ses sujets dans la culture populaire, la société de consommation et l'histoire du peuple noir. En 1993, c'est la première toile de l’artiste new-yorkais à entrer dans la collection du Musée — et ce grâce au soutien des Amis, qui fêtent leur 120 ans d'existence. 

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L'année 1982 est pour Jean-Michel Basquiat une année charnière : reconnaissance internationale, production abondante et affirmation de l’intérêt pour le thème des minorités opprimées, dont Slave Auction fait une remarquable synthèse. On y retrouve les attributs des exploiteurs — visages aux dents menaçantes, par opposition aux visages hagards des no teeth, les exclus, et couleur dorée du bateau des esclaves, symbole du pouvoir de l’argent. Sur la droite, surgit une figure d’épouvantail, dont le costume renvoie au music-hall de la Nouvelle-Orléans. À l’opposé, le crâne, surmonté d’une couronne d’épines, rappelle le sacrifice du peuple noir et l’insecte est une allusion aux tourments quotidiens subis dans les champs de coton. La dominante bleue, souvent assimilée au blues, évoque l’ultime refuge des opprimés. Au premier plan, le joueur de football désigne l’un des héros contemporains de cette société américaine qui suscita chez Basquiat des sentiments contradictoires, mais qu’il sut conquérir, malgré sa mort prématurée à l’âge de 27 ans.

 

1982 est pour Jean-Michel Basquiat une année charnière : reconnaissance internationale, production abondante et affirmation de l’intérêt pour le thème des minorités opprimées, dont Slave Auction fait une remarquable synthèse.

 

Noir américain d’origine portoricaine et haïtienne, né en 1960, Jean-Michel Basquiat a su assimiler ce mixage des cultures dans un œuvre prolifique et critique qui mêle, à la manière d’un palimpseste, dessin, peinture et collage à une écriture tourmentée, biffée, volontairement maladroite. Figure mythique des années 1980, il allie l’élégance de Cy Twombly à la manière d’un Jean Dubuffet ou d’un Jackson Pollock, et puise ses sujets dans la culture populaire, la société de consommation et l’histoire du peuple noir. Les thèmes sont juxtaposés sans hiérarchie, comme autant de fragments à appréhender simultanément, à l’image du chaos urbain et de la profusion de signes qui l’accompagne.

 

En 1993, le Musée national d'art moderne est la seconde institution publique française a acquérir une œuvre de Basquiat, dont l’immense succès est toujours manifeste aujourd’hui. Une autre œuvre du peintre, un dessin de 1983, figure aussi dans la collection. ◼

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