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Signé Gainsbourg

Profondément influencé par la littérature et la poésie, Serge Gainsbourg était aussi collectionneur de petits papiers, autographes et paperolles, qui témoignent de son rapport quotidien, méticuleux et compulsif à l’écrit. Avec « Serge Gainsbourg, le mot exact », la Bibliothèque publique d’information (Bpi) expose pour la première fois des manuscrits provenant de son domicile, rue de Verneuil à Paris, ainsi que des effets personnels et de nombreux ouvrages de sa bibliothèque. Plongée dans l'univers littéraire de l'artiste.

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Tout dans son œuvre comme dans les rayonnages de sa bibliothèque en atteste : Serge Gainsbourg, quoique né en 1928, était un homme du 19siècle. Il ne se contentait pas de mettre genou à terre devant Frédéric Chopin (1810-1849), Johannes Brahms (1833-1897) ou Antonín Dvořák (1841-1901), compositeurs qui lui servaient de béquilles jusqu’à la citation la plus éhontée, il corrigeait encore à l’ère balbutiante des ordinateurs ses manuscrits à l’encre de Chine. Cependant, le plus étonnant chez ce Beau Brummell chaussé de Repetto — pieds nus, même dans le givre de son dernier hiver — était qu’il ne se montrait jamais à son écritoire. Beau oui comme dandy, Serge Gainsbourg, tout imprégné de l’aquoibonisme d’un Des Esseintes, ce modèle ravageur de Joris-Karl Huysmans (À rebours, 1884) porté au pinacle, n’aurait pas supporté qu’on le surprît à l’ouvrage. Au mieux l’entendait-on si l’on se postait sous ses fenêtres — masquées d’un rideau de fer.

 

 

Inlassablement, dans son salon à l'ambiance de veillée mortuaire, il égrenait les mêmes motifs pour épingler l’assonance la plus juste et provocante. Sinon ? Eh bien, c’est simple : « En treize ans de vie commune, je ne l’ai jamais surpris ni aux toilettes ni en train d’écrire… Un pur esprit, se plaisait-il à dire ! nous dévoilait Jane Birkin en 2013 pour Le Monde. Chez lui, il se sentait trop bien pour travailler. Pourtant, rue de Verneuil, une chambre à l’étage lui servait de bureau. Mais je ne l’y ai jamais vu. Il préférait travailler pendant mes tournages, dans les chambres d’hôtel ou bien sur ses genoux. » Avait-il au moins des carnets de note, demande-t-on alors à sa muse fétiche ? « Aucune idée ! nous répondit-elle ce jour-là. En revanche, il gardait toujours des rames de papier à portée de main. Quand il partait écrire, il disposait dans son attaché-case des liasses de 500 francs, des feutres et ses rames A4 de secrétaire. Sans oublier son Parker, qu’il chérissait. Un jour d’ailleurs, il m’a présenté une feuille noircie de titres. Suivez-moi, elle se trouve dans la pièce à côté. “Con, c’est con ces conséquences” : vous voyez, tout est déjà contenu dans ce titre-là par exemple. Là, c’est encadré et monté sur or, mais à l’origine ce sont des feuilles toutes simples de papier. Ce sont l’écriture et l’homme derrière qui ne sont pas ordinaires. »

 

Quand il partait écrire, il disposait dans son attaché-case des liasses de 500 francs, des feutres et ses rames A4 de secrétaire. Sans oublier son Parker, qu’il chérissait. Un jour d’ailleurs, il m’a présenté une feuille noircie de titres.

Jane Birkin

 

Conscient de leur valeur, Serge Gainsbourg s’ingéniait même à en fabriquer de faux : pour les besoins d’une œuvre caritative, il lui est arrivé par exemple de reproduire à l’identique le manuscrit de sa chanson probablement la plus célèbre à l’étranger pour avoir déclenché les foudres du Vatican à sa sortie, en 1968 : « Je t’aime moi non plus », sulfureux objet du désir couché d’après une formule du peintre Dalí, lancée sous forme d’apostrophe à son rival et non moins compatriote espagnol (« Picasso est un génie, moi aussi. Picasso est communiste, moi non plus »), pouvait-elle rêver meilleure publicité ? « Serge avait pris soin d'ajouter la brûlure de la cigarette et la marque de tasse de café pour faire plus authentique ! », nous détaillera Jane Birkin en rigolant.  

Comme tout orfèvre du dandysme, tout réside alors dans l’effet que l’on produit d’entrée. Ainsi, comme sur la tranche d’un livre, une chanson reposait avant tout sur son titre. Serge Gainsbourg pouvait entrer en studio sans aucun texte, du moment qu’il en connaissait l’accroche. Ensuite, comme un peintre qui aurait longuement mûri son sujet, il pouvait, selon ses mots, « envoyer la purée ». Un épisode est particulièrement éloquent à ce sujet. En janvier 1979, le directeur artistique Philippe Lerichomme suggère à Serge Gainsbourg d’enregistrer un album en Jamaïque pour coller à la nouvelle musique en vogue, le reggae. Dans ses bagages, Serge Gainsbourg n’a pas oublié d’emporter ses fameuses rames de papier, mais il n’a bien évidemment que les titres de ses futures chansons en sa possession.

 

Comme tout orfèvre du dandysme, tout réside alors dans l’effet que l’on produit d’entrée. Ainsi, comme sur la tranche d’un livre, une chanson reposait avant tout sur son titre. Serge Gainsbourg pouvait entrer en studio sans aucun texte, du moment qu’il en connaissait l’accroche.

 

Après avoir pris le temps de bien se renifler, les musiciens de Bob Marley — Sly Dunbar et Robbie Shakespeare à la section rythmique et les I Three aux chœurs — se mettent au travail. En dix jours, les douze playback orchestres de ce qui deviendra l’album Aux Armes et caetera sont mis en boîte. Il ne reste plus que les voix du chanteur à enregistrer pour que l’album soit terminé. Oui, mais voilà, la veille de l’enregistrement, Serge Gainsbourg n’a toujours écrit aucun texte. Seul existe, et pour cause, le texte de « La Marseillaise », ce chant patriotique de Rouget de Lisle (que le fils d’immigrants russes finira d’ailleurs par acquérir à prix d’or, deux ans plus tard, en 1981). « Ce soir-là, nous avons dîné ensemble, relatera Philippe Lerichomme en 1995 pour le journal Notes de la Sacem (interview réalisée avec Pierre Achard). “Demain, tu chantes”, lui ai-je alors rappelé. “Je sais”, m’a répondu laconiquement Serge Gainsbourg. Après dîner, je l’ai donc raccompagné à sa chambre, qui était mitoyenne à la mienne et qui avait, je m’en souviens, une moquette rouge. J’ai vu alors à ce moment-là une chose que je n’oublierai jamais : Serge a disposé sur le lit toute une série de feuilles blanches correspondant chacune à une chanson du disque et, en haut de chaque papier, il en a inscrit le titre. Alors, comme cela s’imposait, je l’ai laissé seul face à ses pages blanches et je me suis retiré dans ma chambre où, moi non plus, je n’ai guère dormi. Le lendemain, à mon réveil, je suis allé frapper à sa porte, il n’avait pas bougé de place depuis la veille, les feuilles étaient disposées au même endroit sur le lit, mais complètement noircies d’écriture, et il était bien entendu totalement épuisé, vidé. Alors, j’ai restructuré les chansons qui partaient dans tous les sens puis, à 11 heures du matin, nous sommes allés au studio et il a chanté jusqu’à… 2 heures du matin : le disque était fait. Nous l’avons mixé dans la foulée et le surlendemain nous sommes rentrés à Paris. (…) Serge m’a alors regardé et m’a demandé : “Qu’est-ce qu’on a fait ?” Je lui ai répondu : “Je n’en sais rien, Serge, mais on l’a fait !” ». Vingt ans après son premier disque paru en 1958, le Poinçonneur des Lilas obtiendra son premier disque d'or avec l’album Aux armes et caetera. Il a 51 ans. Là où d’autres sont encore de jeunes peintres, c’est un vieux chanteur, mais que les jeunes adorent. 

Si les jeunes l’adorent, c’est parce que c’est un gamin. Il joue avec les mots comme avec les lettres de son nom. Il a commencé comme on jette les dés sur le Scrabble de sa vie lorsque certaines voyelles comptent double. Déjà, à l’école, ce fils de Juifs ashkénazes ayant fui la Révolution russe en 1917, s’amuse à jongler avec les consonnes de son patronyme. Puisque ses professeurs écorchent son nom, Lucien Ginsburg se rebaptise Lucien Ginzburg, une coquetterie potache pour le futur auteur de la chanson « Exercice en forme de Z » en 1978. Plus tard, il sera contraint d’abandonner complètement son patronyme lorsque, en pleine occupation nazie, le jeune lycéen doit se renommer Lucien Guimbard pour échapper aux traques allemandes. Finalement, il se délestera bientôt aussi de son prénom, qui fait trop « coiffeur pour dames ». On le recroise, dans ses tout premiers dépôts Sacem (1956), sous le nom de Julien Gris ou bien Julien Grix ; Julien, bien entendu, comme le héros du Rouge et le noir (1830) et Gris, suppose-t-on, en hommage au peintre cubiste Juan Gris.

 

Et puis, le nom revient toiletté et accolé d’un nouveau prénom fort à la mode en ces temps où le cinéaste de la Nouvelle Vague, Claude Chabrol en fait le titre de son premier film, Le Beau Serge (avec Jean-Claude Brialy dans le rôle-titre et futur Serge de la comédie musicale Anna en 1966 composée par… Gainsbourg). La boucle est bouclée pour l’ancien « coiffeur pour dames ». Dans le choix de ce prénom Serge, on pourra tout autant y entendre la syllabe d’attaque de l’emblématique marque de plume métallique Sergent-Major que le rejeton de Russie ne semble jamais avoir délaissée depuis son adoption par l’école républicaine française.

 

Maintenant que le prénom est trouvé, est à habiller le plus élégamment possible ce qui deviendra la signature de l’artiste : Gainsbourg, outre son homonymie presque parfaite avec le peintre anglais Gainsborough (1727-1788), comme le souligne Pierre-Julien Brunet dans son passionnant ouvrage Serge Gainsbourg Écrire, s’écrire (éd. PUR, 2023), contient les voyelles qui manquaient à Ginsburg pour former le mot amour. Certes, on pourra regretter que le « n » ait ici pris la place du « m », mais faisons confiance au poète pour en faire son miel : « Dans le mot je t’aime / Trop de M / Et jamais un seul N / Dans amour toujours / C’est le pour / Ou le contre / C’est souvent la haine », délivre « Tandem », un des ultimes textes de Gainsbourg, écrit pour la chanteuse Vanessa Paradis en 1990, quelques mois avant sa mort.

 

Écrire, pour Serge Gainsbourg, s’apparente à une rivière sans retour. Si la chanson s’est substituée à son activité de peintre lorsqu’il se lance en 1957 sur les traces de Boris Vian après avoir détruit l’ensemble de ses toiles […], elle n’en conserve pas moins quelques stigmates, et notamment un souci pointilleux de la graphie.

 

Écrire, pour Serge Gainsbourg, s’apparente à une rivière sans retour. Si la chanson s’est substituée à son activité de peintre lorsqu’il se lance en 1957 sur les traces de Boris Vian après avoir détruit l’ensemble de ses toiles — à l’exception de quelques-unes conservées par Juliette Gréco et sa sœur jumelle Jacqueline —, elle n’en conserve pas moins quelques stigmates, et notamment un souci pointilleux de la graphie. Car Serge Gainsbourg s’entend comme il se lit : une signature à la fois visuelle et sonore. Elle possède la particularité suivante : Serge Gainsbourg se dispense de la barre des consonnes (pour les T) comme de toute ponctuation et accent pour ses voyelles (les I, E et A). Emportée par l’élan de l’inspiration, la main dans son geste ne revient pas sur ses pas. « Je ne me suis jamais permis de lui faire retoucher un texte, nous confiera Jane Birkin. Je me faisais déjà assez engueuler en studio comme ça ! Mais, si Serge s’en foutait pas mal que l’on comprenne ses textes, plus attaché à ce que l’on saisisse une émotion, moi je voulais qu’on les comprenne. Je recopiais donc en phonétique les manuscrits illisibles qu’il me présentait. » 

Il a beau vouloir brouiller les pistes, Serge Gainsbourg n’en écrit pas moins sous influence. Pour rendre hommage à Brigitte Bardot, la plus belle femme du monde qui lui a brisé le cœur aux premiers jours de 1968, le poète a besoin d’un appui pour se lancer dans une œuvre à la hauteur de ses sentiments. Pour écrire « Initials BB », après avoir sagement suivi les conseils de lecture que lui a donnés Brigitte Bardot avant de le quitter (L’Amour monstre, écrit par le futur fondateur du Figaro Magazine, Louis Pauwels en 1954), Serge Gainsbourg replonge dans ses classiques. Pour dire toute la puissance de cette passion charnelle, l’auteur s’appuie sur le texte d’un maître, dont il n’égalera cependant jamais la capacité à ingurgiter des hectolitres d’alcool : la structure du portrait « Initials BB » est une décalque du poème Le Corbeau d’Edgar Allan Poe (1809-1848), traduit par Charles Baudelaire. « Une fois, sur le minuit lugubre, pendant que je méditais je méditais, faible et fatigué, sur maint précieux et curieux volume d’une doctrine oubliée » se transmue alors en : « Une nuit que j'étais / À me morfondre / Dans quelque pub anglais / Du cœur de Londres / Parcourant l’Amour Monstre de Pauwels. » Pour la musique, le compositeur voit grand aussi et, sans l’avouer sur le moment, ne présente rien qu’un mouvement de la Symphonie du Nouveau Monde (Dvořák) à l’arrangeur émérite Arthur Greenslade, qui feint de n’y voir que du feu au moment d’orchestrer ses cordes. 

Oui, mais voilà que la passion le reprend : quatre mois après, Serge Gainsbourg retombe amoureux et c’est une nouvelle muse qu’il faut contenter. Pour Jane Birkin, le Pygmalion mettra les petits plats dans les grands. L’autoportrait qu’il lui offre en juin 1969 s’appuie sur un prélude de Chopin (Prélude en mi mineur, Opus 28, numéro 4). Et pour le texte donné à la jeune Britannique, l’âme slave s’en remet à un « compatriote ». Depuis 1962, Serge Gainsbourg avait l’idée de mettre en musique le poème figurant à la fin du roman Lolita, dont la gageure tient également à ce qu’il fut écrit en anglais par l’écrivain d’origine russe Vladimir Nabokov : « Perdue : Dolorès Haze. Signalement : Bouche "écarlate", Cheveux : "noisette" »

 

Malheureusement, Nabokov y a opposé son veto au motif que le cinéaste Stanley Kubrick en a acquis les droits d’adaptation. Qu’importe, six ans plus tard, Serge Gainsbourg contourne ce refus en recousant un motif identique : « Signalement / Yeux bleus / Cheveux châtains / Jane B / Anglaise / De sexe féminin / Âge : entre vingt et vingt et un / Apprend le dessin / Domiciliée chez ses parents », chante Jane Birkin en 1969. 

 

Comme il le fera dès lors à un rythme soutenu — La Chanson d’automne de Verlaine lui offrant le texte de « Je suis venu te dire que je m’en vais » (1973) tout comme « La Chanson de Solveig » d’Edvard Grieg (1843-1907) sa mélodie à « Lost Song » (1990) —, Serge Gainsbourg applique en musique le principe de la poussée d’Archimède : tout corps plongé dans un liquide subit une poussée verticale vers le haut égale au poids du volume de liquide déplacé. Tout comme, à ses débuts, l’auteur de chansons se réfugiait chez Alfred de Musset (« La Nuit d’Octobre », 1959), Victor Hugo (« La Chanson de Maglia », 1961) ou Baudelaire (« Baudelaire », 1962) pour mieux conspuer les yéyés, poussant même l’ironie à accoler le nom de Gérard de Nerval à la vague en vogue (« Le Rock de Nerval », 1961). 

 

Assurément, Serge Gainsbourg est mal à l’aise dans son époque. Né d’immigrants russes ayant débarqué en France dix ans seulement avant sa naissance, le garçon s’est forgé essentiellement de ce que les manuels scolaires lui ont inculqué comme culture française.

 

Assurément, Serge Gainsbourg est mal à l’aise dans son époque. Né d’immigrants russes ayant débarqué en France dix ans seulement avant sa naissance, le garçon s’est forgé essentiellement de ce que les manuels scolaires lui ont inculqué comme culture française. Il en conservera à jamais le plus immense respect. Alors, quand il voit de jeunes loups tenter de brûler l’héritage du Louvre, le jeune peintre est mortifié. Le 5 juin 1958, Lise Levitzky, la jeune femme qu’il a rencontrée onze ans plus tôt à l’académie de Montmartre, l’école d’art fondée par le peintre Fernand Léger, invite Serge Gainsbourg à la rejoindre pour assister à une soirée qu’elle organise sur l’île Saint-Louis autour de l’artiste Yves Klein. Ils ont eu beau avoir divorcé un an plus tôt, le dialogue ne s’est pas interrompu entre les jeunes apprentis peintres d’origine russe.

 

Ce soir-là, dans la salle du Godet, toute la fine fleur des lettres et des arts a répondu présent. Effaré, Serge Gainsbourg découvre alors le spectacle : Yves Klein a tendu au sol une immense toile. Après avoir déversé deux seaux de peinture bleue, l’artiste a saisi une jeune fille par le bras puis s’en en est emparé tout du long, s’en servant  comme d’un pinceau sur la toile. Tous les regards sont rivés sur l’œuvre en train de se créer sous leurs yeux. Quand elle a enfin pris forme, une salve d’applaudissements retentit. Tout le monde applaudit sauf une personne. Serge Gainsbourg est même pris de malaise quand il assiste aux surenchères qui s’ensuivent pour acquérir l’œuvre. « C’est ce soir-là, je pense, que Lucien décide définitivement d’abandonner la peinture. “Si c’est ça l’art moderne, je n’ai rien à avoir là-dedans” », déduira Lise Lévitzky dans ses mémoires (Lise et Lulu, Éditions First, 2010). Pourtant, malgré ce que laisse supposer sa réaction, Serge Gainsbourg est contemporain d’Yves Klein. Ils ont tous les deux le même âge : 30 ans. 

Serge Gainsbourg n’oubliera jamais cette scène. Vingt-deux ans ont passé quand les prestigieuses éditions Gallimard font du pied à l’auteur désormais célébré par la jeunesse. En 1980, Gainsbarre fait une entrée tonitruante dans la « Blanche ». Mais l’auteur de « La Marseillaise » façon reggae leur remet un étrange roman. Il fallait y songer : dans la maison qui publie Proust, Serge Gainsbourg raconte une histoire de « prouts ». Les lettres sont pleines de facéties lorsqu’elles s’inversent. Entièrement rédigé à la main avant d’être corrigé à la plume sur le tapuscrit, le court roman Evguénie Sokolov narre les turpitudes d’un peintre pétomane dont la cote repose entièrement sur la puissance de ses pets… En résumé, l’artiste vend du vent et, connaissant Serge Gainsbourg, l’artiste chez qui rien ne se perd, nul besoin d’être devin pour savoir d’où lui est venue son inspiration. ◼