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L'Homme qui marche

[1945]

Germaine Richier

Germaine Richer vient à la sculpture par l'œuvre d'Auguste Rodin, qu’elle découvre à l’école de beaux-arts de Montpellier grâce à l’un de ses anciens praticiens. Arrivée à Paris en 1926, elle suit l’enseignement d’Antoine Bourdelle, souvent considéré comme le sculpteur de sa génération le plus proche de Rodin. Plus tard, le philosophe Maurice Merleau-Ponty reconnait en elle la digne héritière du maître de la sculpture française : « il y a des fragments de Rodin qui sont des statues de Germaine Richier », remarque-t-il dans L'Œil et l'Esprit (1960).

 

Ce n’est donc pas étonnant que Richier se confronte à L’Homme qui marche, un thème qui avait valu à Rodin une grande notoriété dès les années 1900. Figure monumentale issue d’un énergique travail de la matière et de la réflexion sur le pouvoir d’expression des sculptures gréco-romaines, L’Homme qui marche de Rodin (1907) apparaît comme l'image même du mouvement. Par contraste, le bronze plus petit que nature de Germaine Richier semble titubant. Il s’agit d’un personnage inquiétant au visage difforme, doté d’une petite tête trouée de part en part. Les mains aux doigts écartés lui confèrent une intense expressivité.
Tout comme la célèbre sculpture longiligne qu’Alberto Giacometti réalise l’année suivante, L’Homme qui marche de Richier est emblématique de cette période marquée par le traumatisme de la guerre. La sculpture offre l’image d’une humanité blessée et menaçante, qui trouvera son plein développement avec L’Orage. Elle témoigne de la recherche constante de Richier pour tenter de saisir l’humain, pour construire une « nouvelle image de l’homme », selon les mots de l’historien de l’art Peter Seltz.


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