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Porte-fenêtre à Collioure

septembre 1914 - octobre 1914

Henri Matisse

 

Avec cette toile peinte à Collioure à l'automne 1914, Matisse propose une image d'un dépouillement radical, confinant à l'abstraction. C'est dans ce sens que l'œuvre a été interprétée lorsqu'elle fut présentée pour la première fois, bien après la mort de l'artiste, lors d'une exposition itinérante aux États-Unis en 1966. Toutefois, comme certains éléments l'indiquent, cette peinture reste liée à la représentation, avec toute la sensualité et l'émotion qui s'attachent, chez Matisse, au thème de la fenêtre.

 

Certains détails sont explicitement figuratifs, comme les stries du volet gauche qui évoquent des fentes. De même, l'oblique du mur, au bas de la toile, réintroduit la tridimensionnalité pour représenter le sol de la chambre. Enfin, des arbres et la grille d'un balcon sont encore visibles, malgré le badigeon noir appliqué lors d'une dernière séance de travail.

 

À propos d'un tableau de 1916 où le noir domine, Matisse déclare commencer « d'utiliser le noir comme une couleur de lumière et non comme une couleur d'obscurité ». Il semble qu'il s'achemine déjà vers cette découverte du noir comme évocation d'une lumière aveuglante, pénétrant ici l'espace de la fenêtre ouverte.

 

À la différence des nombreuses autres fenêtres peintes à Collioure depuis 1905, celle-ci ne vise pas l'articulation d'un espace intérieur et d'un paysage. Entre un intérieur éteint et un extérieur encore plus sombre, seuls les bords, les volets ou les limites de l'ouverture sont éclairés. Se confondant avec le rectangle du tableau, cette fenêtre est abordée pour elle-même, comme sujet emblématique de la peinture.