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Le Centre Pompidou &... Christine and the Queens

Figure insaisissable de la pop française, Christine and the Queens bouscule les codes avec une intensité rare. Depuis Chaleur humaine (2014), premier album devenu phénomène international, l’artiste (qui se fait aussi appeler Rahim Redcar) a fait de sa musique un manifeste, brouillant les frontières du genre et imposant une vision singulière, poétique et radicale. Alors qu'il s'apprête à livrer une performance inédite lors de l'événement Because Beaubourg le 25 octobre prochain, il évoque son lien avec le Centre Pompidou.

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« Chris », « Rahim Redcar », « Christine and the Queens » : il est parfois difficile de le suivre. Mais muter pour rester insaisissable, voilà sa méthode. Mieux, son manifeste. Rappelez-vous, en 2014, c'était sous l'alias Christine and the Queens que l'artiste à la silhouette androgyne faisait une entrée fracassante sur la scène électro-pop — c'est d'ailleurs toujours son nom de scène. Chaleur humaine, son premier album chanté en anglais et en français, allait se vendre à plus d' un million d'exemplaires dans le monde. Une consécration pour l'artiste, né en 1988 à Nantes. Suivirent quatre autres disques, toujours plus radicaux, dans lesquels il explorait des territoires émotionnels fiévreux, parfois au bord de la rupture (le dernier, HOPECORE, est sorti fin 2024).

 

« Chris », « Rahim Redcar », « Christine and the Queens » : il est parfois difficile de le suivre. Mais muter pour rester insaisissable, voilà sa méthode. Mieux, son manifeste.

 

Après avoir repris lors des Jeux olympiques de Paris le fameux Supernature de Cerrone, Christine and the Queens s'associe une nouvelle fois avec le vétéran de la house française pour l'imparable tube Catching Feelings, sorti à l'été 2025. Alors qu'il s'apprête à embraser le dancefloor du Centre Pompidou le 25 octobre prochain pour une performance unique, dans le cadre de l'événement Because Beaubourg, rencontre avec celui qui se définit comme « hypersensible ».

« Le Centre Pompidou est un endroit tellement fondamental pour Paris. Ado, je donnais mes rendez-vous devant, ou j’y retrouvais ma mère. Je ne suis pas Parisien, et c’est surtout avec elle que je faisais mes sorties culturelles. Je trouve que ce bâtiment, fantaisiste et presque philosophique, est une œuvre à part entière. C’est un endroit intéressant à regarder de loin. J’aime son allure étrange, qui frappe l’imaginaire — ses couleurs pour la circulation des réseaux, cette logique des tuyaux… Tout ça me fait un peu penser à une carte mère géante ! 

 

Je trouve que le bâtiment, fantaisiste et presque philosophique, est une œuvre à part entière. J’aime son allure étrange, qui frappe l’imaginaire — ses couleurs pour la circulation des réseaux, cette logique des tuyaux… Tout ça me fait un peu penser à une carte mère géante ! 

Christine and the Queens


Je vais assez peu voir des expositions, et c’est un tort, mais récemment je suis passé dans la monographie consacrée à Suzanne Valadon. J’ai aimé que la question du « female gaze » soit au cœur de l’accrochage – c’est crucial de s’éloigner du regard dominant. Et le regard de Valadon est empreint d’énormément de tendresse. L’exposition était très belle, les couleurs intenses et subtiles.

 

 

Je me suis senti super bien dans cette expo — ce qui est rare, car je n’aime pas forcément la foule. J’ai vraiment flashé sur l’œuvre Les Deux Sœurs, ces deux filles en talons et chaussettes, assises sur une banquette… C’était très féminin et indiscutablement moderne. Ça m’a carrément fait penser à la pochette de l’album Country Life de Roxy Music (le groupe de Bryan Ferry, ndlr), sorti en 1974. Une exposition que j’aurais aimé voir est celle consacrée à Francis Bacon – j’aime tellement la poésie de Bacon ! Mais j’ai eu peur d’être trop ému : Francis Bacon, c’est entre moi et moi. 

 

J’ai vraiment flashé sur Les Deux Sœurs, de Suzanne Valadon, ces deux filles en talons et chaussettes, assises sur une banquette…  C’était très féminin et indiscutablement moderne. Ça m’a carrément fait penser à la pochette de l’album Country Life de Roxy Music.

Christine and the Queens


Parmi les artistes que j’aime, il y a Gustav Klimt, le Caravage pour la lumière, ou encore la pionnière de l’abstraction Hilma af Klint. Je suis aussi un fan absolu d’art brut — j’adore cette brutalité de l’engagement, ce rapport au sacré et au spirituel. Le fait que ces individus soient des artistes par nécessité et qu’ils s’inscrivent hors d’un système me parle évidemment. L’art brut, ce sont des gens qui ont été frappés par la foudre poétique et qui sont restés dans la logique totale de leur passion — cela ne peut que me toucher. » ◼