La Cinémathèque idéale des banlieues du monde

Programme

17h30 - Rencontre
Abigail Nkaly est une artiste et cinéaste installée à Marseille. Forte d'une formation en littérature et en production audiovisuelle, elle explore à travers le cinéma, la poésie et la photographie les expériences du travail, des privilèges et de l'appartenance. Elle invite Julianknxx, poète et artiste visuel, originaire de Sierra Leone et basé à Londres à une rencontre publique. Ensemble, ils explorent le projet, A proximité, développé dans le cadre de l’édition 2025 du Workshop Jeune Création de la Cinémathèque idéale des banlieues du monde. 
La rencontre est animée par Christelle Bakima Poundza

19h - Projections 
L’histoire du cinéma est jalonnée d’initiatives collectives, amenées à fabriquer ensemble une réponse possible en forme de résistance à un ordre établi. Pour ouvrir ce grand week-end de programmation, un hommage est rendu à deux films réalisés en collectif. Le premier, à la fin des années 70, lors d’un atelier dans un lycée de Vitry-sur-Seine, le second, il y a quelques mois, dans la banlieue de São Paulo.

Collectif Les joints de culasse du 8, Le Garage. France, 1979, 23 min 
Avant-première de la version restaurée par les Productions de l'oeil sauvage, la Cinémathèque française et la Cinémathèque idéale des banlieues du monde

Entre 1977 et 1981, de jeunes adolescents, habitant des cités d’Alfortville et de Vitry-sur-Seine, dans le Val-de-Marne, se réunissent et forment le Collectif Mohamed. Ensemble ils tournent trois court-métrages. Ce projet naît de leur volonté de filmer leurs propres images, de raconter par eux-mêmes leurs histoires, d’enquêter au sein des cités où ils vivent, de s’amuser, mais aussi de produire un discours politique et donner forme à leur révolte. Ils se sont cotisés et ont acheté quelques bobines Super-8, le support amateur de l’époque, ils ont emprunté du matériel dans leur lycée, et monté leurs images avec l’aide d’un enseignant.
En présence d’Hervé Pichard, directeur des collections films de la Cinémathèque française, du chanteur et romancier Mounsi ainsi que du réalisateur Mohamed Salah Azouzi, proches du collectif

Suivi de 

Lincoln Périclès, Filme sem Querer (Film Sans le Vouloir). Brésil, 2025, 25min, vostf

Le film suit Francineide, Jonnas et Naye, trois jeunes du Capão Redondo, à São Paulo, qui décident de postuler à une bourse de cinéma offerte par une institution prétendant promouvoir l’accès à l’art dans les favelas. Entre doutes et ironie, iels questionnent leur propre acte de filmer — et le risque de devenir la vitrine d’un système qui exploite l’image de la pauvreté. Face à la caméra, iels cherchent à convaincre le jury avec des mots tels que marges ou périphérie, mais la performance se transforme peu à peu en réflexion. Dans les coulisses, à travers les masques de la pandémie et les doublages improvisés, naît un geste de subversion : rire des attentes et filmer leur propre lucidité. 
Depuis les toits du Capão, leurs voix résonnent comme un manifeste : qui a le droit de raconter nos histoires ? Que signifie faire du cinéma « sur ce que nous vivons, sur ce que nous disons, sur ce que nous sommes » ? 

En présence du cinéaste David Andrade, co-fondateur de la Cinemateca da Quebrada

21h - Conférence-performée
Justinien Tribillon, De la Zone à la Zone
Á partir de son récent ouvrage, La Zone. Une histoire alternative de Paris (éditions B42), Justinien Tribillon, écrivain, chercheur et curateur, accompagne la projection du film La Zone, au pays des chiffonniers, de Georges Lacombe (1928, 33 min) – ici dans sa version restaurée en 2025 par les Documents cinématographiques et la Cinémathèque française, en collaboration avec la Cinémathèque idéale des banlieues du monde – par une performance inédite mêlant texte et musique, improvisée en live par le musicien libanais Akram Hajj. La cheffe Justine Audoin réserve une surprise gustative aux spectateurs de cette séance immersive, au cœur de l’histoire de la périphérie de Paris.

Georges Lacombe, La Zone au pays des chiffoniers. France, 1928, 33 min 
Premier film de Lacombe, d'inspiration naturaliste, un témoignage précieux sur le quotidien des familles de chiffonniers, installées entre Paris et sa banlieue.