Ieva Epnere / Katrina Neiburga / Anastasia Sosunova

Demikhov Dog d'Anastasia Sosunova revient de manière humoristique sur les utopies scientifiques soviétiques, en réactivant l'invention – un chien à deux têtes – du scientifique Vladimir Demikhov, pionnier de la transplantation d'organes. Non loin des schémas technologiques contemporains, cette hypothèse revêt aussi une dimension loufoque voire magique ou mythologique. 

Dans Four Edges of Pyramiden, Ieva Epnere revient sur une base nucléaire abandonnée dans le Spitzbergen. Créée dans les années 1940 comme porte drapeau du système soviétique, elle est aujourd'hui un non-lieu où les voix d'habitants déclinent autant d'attitudes face à l'histoire, dans un site naturel majestueux qui, au delà de la déchéance historique, rend hommage à la puissance d'un espace mystique, naturellement réfractaire à toute forme de civilisation. 

Avec Magic Things, Katrina Neiburga propose un « film d'horreur » post-pop, parodie de la société de consommation comme cœur du rêve conjugal, faisant de la culture matérielle jetable la nouvelle religion « sociale » du monde post-communiste. Sa vidéo Topology n. 29 se présente comme un diaporama d'images inertes filmées en slow motion, voyage clinique dans l'intimité d’un appartement abandonné, proposant un récit absurde et angoissé de l'accumulation matérielle de toute une existence.

La place des choses vient également hanter Messed up Terrains d'Anastasia Sosunova dans une méditation plus contemporaine sur la place de la technologie dans la dématérialisation des rapports humains et la perpétuation de divisions communautaires historiques. 

Avec gravité et humour, elles reviennent chacune sur la violence idéologique et territoriale du système communiste mais aussi sur le potentiel narratif qui s'en dégage.