Kaléidoscope

Naomi Kawase, Kaléidoscope (Manguekyo), Japon, 1999, Beta (format d’origine : 16 mm), 81’, coul., vostf et angl., inédit

Naomi Kawase invite le photographe Shinya Arimoto à faire le portrait de deux jeunes actrices, l’une de la campagne, l’autre de la ville, à travers une série de photographies, en même temps qu’elle les filmera. La tension monte tandis qu’apparaissent les difficultés du photographe à saisir la première, Machiko Ono, que Naomi Kawase a filmée dans Suzaku, et sa facilité relative avec la seconde, qu’il identifie rapidement aux catégories qu’il connaît.

Le dispositif dangereux de ce film, qui instaure d’emblée une compétition entre tous, agit plus profondément comme un révélateur des désirs, des limites et des tensions multiples qui travaillent les uns et les autres, qu’elles soient individuelles, sociales, culturelles.

« C’est moi qui possédais la caméra, et l’équipe travaillait pour le film, pas pour les photographies […]. Le film ne faisait pas partie des photographies, les photographies faisaient partie du film. En dernier ressort, Arimoto était responsable des photographies, et moi du film. Compte tenu de cette relation de pouvoir, le film était vainqueur dès le début. […] C’est pourquoi toutes les critiques que je lui ai faites, et qui ont pu lui sembler dures, ont également rejailli sur moi. Dire qu’il ne pouvait pas faire quelque chose, c’était dire que je ne pouvais pas le faire. » Naomi Kawase, entretien avec Aaron Gerow, festival de Yamagata, 2000