Chloé Delaume « Des mythes dans la caverne »

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« Adolescente, elle venait là. Se réfugier des heures durant, pénombre, silence, Jardin d’hiver. Elle prenait le RER A et y lisait des auteurs morts, des avant-gardes vivaces, de la littérature et de la poésie qu’elle laissait infuser durant tout le trajet. Des textes peuplés de vers blancs et de métaphores filées qui en écho interne lui tenaient compagnie une fois passée la porte de la petite caverne conçue par Dubuffet. Sous ses doigts, le polyuréthane sur époxy n’était que luxe et volupté. Acheté par l’État l’année de sa naissance, 1973, le hasard n’existe pas.
Aujourd’hui, ici même. Après la fonte des pôles, l’effondrement des mondes, l’agonie des sirènes. Longtemps, longtemps après que les poètes et les ours blancs ont disparus. Elle lit, au fond de la grotte. Des fragments poétiques, mosaïque historique, panthéon personnel. Elle lit quatre heures durant. Artaud, Apollinaire, Duras, Vickie Gendreau, Witting, Vian, Lê, Salvayre, Jarry, Queneau, Pérec, Cadiot, Quintane ; entre autres. Pour qui entre dans Le Jardin d’hiver ».

Jean Dubuffet, Le jardin d’hiver, 1968 - 1970

Œuvre phare et permanente des collections du Musée national d’art moderne, située au 4e étage du centre Pompidou, ce Jardin d’hiver de Jean Dubuffet s’apparente plutôt à une grotte, à une caverne. Loin de tout état de nature, le décor se résume à de simples tracés noirs sur fond blanc. Mais l’entreprise est complexe : le sol et les parois sont bosselés, cabossés, et les dénivellations ou accidents sont tantôt soulignés, tantôt contredits par les tracés. C’est dans cet espace à la fois trompe-l’oeil et méditatif que l’écrivaine Chloé Delaume viendra lire un choix de textes.

Avec le soutien de la Maison des Ecrivains et de la Littérature.