Cinéma / Vidéo
Victor Kossakovski
Le Mois du film documentaire
18 - 20 nov. 2005
L'événement est terminé
« Victor Kossakovski incarne cette génération des années 60 qui prolonge une riche tradition saint-pétersbourgeoise du cinéma documentaire. Mais il paraît représenter cette génération à lui tout seul, ou presque, tant les conditions de formation, de production et de diffusion dans la Russie de l'après-communisme permettent peu aux nouveaux talents de s'affirmer." (Jean Perret, extr. du catalogue du festival Visions du réel, Nyon, 2001)
Victor Kossakovski est né le 19 juillet 1961 à Leningrad (Saint-Pétersbourg aujourd'hui). De 1978 à 1986, il est assistant-cameraman, assistant-réalisateur et monteur au Studio de films documentaires de Saint-Pétersbourg. Il étudie le cinéma à l'Ecole de Moscou de 1986 à 1989 et réalise des films documentaires à Saint-Pétersbourg depuis 1989. Les huit films qu'il a réalisés à ce jour forment une œuvre exigeante et cohérente que la Bibliothèque publique d'information présente pour la première fois intégralement en France.
« Durant mon enfance, j'avais deux passions : le cinéma et la photographie. Parfois, les jours où je n'avais pas école, j'allais au cinéma, j'achetais un billet pour la première séance. Dix minutes avant la fin du film, je sortais de la salle pour aller aux toilettes et j'y attendais le début de la séance suivante. Mêlé aux nouveaux spectateurs, je rentrais de nouveau dans la salle et revoyais le film. Dix minutes avant la fin, je sortais encore de la salle.
Cela se répétait ainsi plusieurs fois de suite. Et c'est seulement à la fin de la journée, à la dernière séance, que j'apprenais comment se terminait le film. Il arrivait que plusieurs films soient projetés dans la journée dans cette salle. Alors, pour le prix d'un seul billet, je réussissais à tout voir. Un été, j'ai travaillé trois mois comme tourneur dans un atelier de construction mécanique pour pouvoir m'acheter un objectif à longue focale.
Ensuite, par n'importe quel temps, je disparaissais dans la forêt avec mon appareil photo, à la recherche d'un oiseau, d'une fleur ou d'un élan. Durant des heures, en retenant ma respiration, j'attendais l'image extraordinaire.
Mes rêves d'avenir se partageaient entre les professions de directeur de la photographie au cinéma et de garde forestier. » (V. Kossakovski, extr. de « Autobiographie », in Images documentaires n°51/52, 2004)
« Victor Kossakovski incarne cette génération des années 60 qui prolonge une riche tradition saint-pétersbourgeoise du cinéma documentaire. Mais il paraît représenter cette génération à lui tout seul, ou presque, tant les conditions de formation, de production et de diffusion dans la Russie de l'après-communisme permettent peu aux nouveaux talents de s'affirmer.
Sa caméra est douée de persévérance et provoque le hasard. En quête de rencontres, elle improvise des portraits, esquisse des destins. Elle apprivoise la dureté du réel, la maladie, la mort, le dénuement, et elle chante ses fragiles beautés. Victor Kossakovski sait porter sa caméra lui-même, à l'épaule, et il s'engage résolument , de son regard et de son corps, dans l'intimité des personnages qui l'intéressent. Mais Kossakovski est aussi homme du repli sur soi, quand longuement il monte ses films. Après la saisie sur le vif de fragments de vie, dans une espèce de bonheur et d'évidence, survient la phase, bien autrement complexe, qui consiste à vertébrer les récits, à développer les
dramaturgies, à percevoir la respiration propre à chaque film. La bande son fait alors l'objet de soins très particuliers. Le cinéaste affirme qu'il doit toujours en savoir plus que ce qu'il donne à voir. " Si je montre ce que je sais, le film ment. " Mais de quelles vérités le cinéma est-il, selon lui, l'expression, et de quels mensonges doit-il se prémunir ? »