Cinéma / Vidéo
Rainer Werner Fassbinder
un cinéaste d'Allemagne
13 avril - 6 juin 2005
L'événement est terminé
De 1966 à sa mort en 1982 à l'âge de 37 ans, Fassbinder a réalisé 44 films pour le cinéma et la télévision (le premier court métrage est perdu). Également homme de théâtre, dramaturge, acteur et metteur en scène, il a réuni au sein de l'Action-Theater puis de l'antiteater une troupe de comédiens et de
techniciens qui ont fidèlement travaillé avec lui, sur scène et au cinéma.Fassbinder s'est imposé au cours de ces 16 années comme la principale figure du Nouveau Cinéma Allemand.
En association avec la Fondation Rainer Werner Fassbinder, Carlotta Films et avec le soutien du Goethe-Institut, le Centre Pompidou présente la rétrospective intégrale de ses films, accompagnée d'une exposition, d'une publication et d'un colloque.
De 1966 à sa mort en 1982 à l'âge de 37 ans, Fassbinder a réalisé 44 films pour le cinéma et la télévision (le premier court métrage est perdu). Également homme de théâtre, dramaturge, acteur et metteur en scène, il a réuni au sein de l'Action-Theater puis de l'antiteater une troupe de comédiens et de
techniciens qui ont fidèlement travaillé avec lui, sur scène et au cinéma : Hanna Schygulla, Ingrid Caven, Margit Carstensen, Irm Hermann, Harry Baer, Kurt Raab, Ulli Lommel, Günther Kaufmann Travailleur acharné, Fassbinder s'est imposé au cours de ces 16 années comme la principale figure du Nouveau Cinéma Allemand - Langlois disait qu'« avec Fassbinder, le cinéma allemand de l'après-guerre est né ». Et en effet, il a essentiellement mis en scène l'histoire de son pays : sagas, fresques et mélodrames sur l'Allemagne au XIXe et au XXe siècles, portraits sans fard du sort réservé aux minorités et aux plus démunis, réflexions à chaud sur le terrorisme qui frappait la R.F.A. dans les années 70. En-deçà de l'histoire allemande, Fassbinder a extrait et filmé la constance d'une nature humaine qui se nourrit d'injustices : les rapports dominant/dominé sur lesquels repose la société mais aussi le désir entre individus (y compris du même sexe), l'oppression et le chantage exercés par l'autre. Témoin d'une lucidité incommodante sur les hommes et leur commerce, il a beaucoup choqué. Mais c'est précisément de cette clairvoyance alliée à une force de travail hors du commun que sont nés tant de films d'une inventivité et d'une liberté formelles inédites.
FASSBINDER EN QUELQUES MOTS
Né en 1945 en Bavière, enfant unique, Rainer Werner Fassbinder a été élevé par sa mèreaprès son divorce en 1951. Pour travailler librement, elle envoie le petit Rainer au cinéma. À vingt ans, après avoir suivi des cours de théâtre – où il rencontre Hanna Schygulla – puis avoir été recalé à l'école de cinéma de Berlin, Fassbinder tourne ses premiers courts métrages. Il rencontre le groupe munichois de l'Action-Theater dont il prend la direction, écrit et met en scène ses premières pièces de théâtre. En mai 1968, l'Action-Theater est dissous. Fassbinder fonde l'antiteater avec plusieurs membres de l'ancien groupe. À partir de 1969, Fassbinder réalise film sur film. Au cours de la seule année 1970, il en tourne sept. Fonctionnant comme un mini-studio, le groupe, qui travaille à certaines périodes exclusivement avec lui sur scène comme au cinéma, lui permet d'enchaîner les projets.
En l'espace de trois ou quatre ans, Fassbinder devient l'un des cinéastes les plus créatifs du Nouveau Cinéma allemand, que le manifeste d'Oberhausen avait fait naître en 1962 dans le sillon des nouvelles vagues, aux côtés de Schlöndorff, Schroeter, Herzog, Kluge, von Trotta, Wenders, Syberberg. Le sujet de ses films, la société allemande et ses pires travers, son traitement des personnages et des situations, lucide et caustique, ses audaces formelles héritées ou suscitées par des modèles avérés, librement pillés (Nouvelle Vague française, films de gangsters hollywoodiens, mélodrames de Douglas Sirk, films de la UFA avant-guerre, cinéma pornographique allemand des années 1960), lui valent souvent l'incompréhension, parfois l'hostilité de ses compatriotes. Les liaisons multiples et tapageuses avec hommes et femmes, membres de sa troupe, la consommation de drogue alimentent le scandale que ses films suscitent. Fassbinder songe même à l'exil. Il reste pourtant en Allemagne, travaillant jusqu'au bout, jusqu'à l'épuisement, à dessiner un portrait idéologique et social sans concession de son pays et de son histoire, y compris immédiate (reconstruction, miracle économique, terrorisme), finalement à décrire ce qui a précédé/engendré, accompagné/nourri, suivi/survécu à l'horreur nazie.
AU COEUR DES FILMS : PHOTOGRAMMES PAR SÉRIES
En une quinzaine de tables, les films de Fassbinder sont représentés par leurs séquences les plus significatives à partir de la matière même du cinéma : le photogramme. Les collections d'instantanés ainsi constituées rendent compte à la fois du déroulé et des enjeux esthétiques de chaque film. En isolant puis en déclinant par séries les photogrammes qui constituent une séquence choisie, les cadrages, compositions, effets de montage (continuités ou ruptures narratives, dynamiques, spatiales et plastiques) apparaissent nettement, soutenant l'analyse de l'œuvre, la fondant même parfois. Le rapprochement de ces séries de photogrammes permet ensuite de mettre en évidence l'économie générale et la structure d'un film, le «grain de sa voix ». À l'échelle de l'œuvre entière, il met en lumière les répétitions, échos, contradictions, jonctions et disjonctions d'un film à l'autre, en bref toute forme de dialogue entre les films. Cette démarche originale, l'une des premières tentatives à ce jour d'exposer le cinéma «sur table», permet donc d'embrasser toute l'œuvre, mais aussi de dégager thèmes et motifs récurrents des films de Fassbinder : cadres serrés, obsession des miroirs, intérieurs…
COUPS DE PROJECTEUR
Outre ce dispositif, trois ensembles illustrent des aspects essentiels du cinéma de Fassbinder.
FASSBINDER AU TRAVAIL
Centrés sur deux films emblématiques, Lili Marleen et Querelle, carnets de travail, scénarii originaux, story-boards, photos de tournages permettent de mieux comprendre comment Fassbinder concevait et préparait ses films.
BERLIN ALEXANDERPLATZ
Au centre de l'exposition, ce film occupe une place pivot. Les personnages et les thèmes du roman d'Alfred Döblin, dont le film est adapté, se retrouvent partout dans l'oeuvre de Fassbinder et en constituent peut-être le « fil rouge». Car ce roman est pour lui le modèle de l'œuvre d'art.
FASSBINDER ET LA FEMME / L'ALLEMAGNE DE FASSBINDER
Une installation constituée de deux vidéo-projections documente une figure-clé de l'œuvre de Fassbinder, la femme, et l'un des principes de son cinéma, la critique idéologique et sociale en rapport direct avec l'actualité politique de la RFA. Galerie de portraits mêlant les figures de stars, les actrices et proches, les personnages en situation, un premier film met en valeur la complexité de la figure féminine chez Fassbinder, qui réalise la synthèse du mélodrame et de la parabole politique, caractéristique de son cinéma: la femme exploitée par excellence; la femme qui veut, qui désire; la « femme qui pense». « Tous mes films sont politiques », a dit Fassbinder. Du polar au mélodrame, il n'a cessé d'explorer les ressorts secrets de la société allemande, ses vices, ses compromissions, sa mauvaise conscience. Un second film propose un « décryptage» de cette réalité à la lumière des événements dramatiques de « l'automne allemand» de 1977 : terrorisme, enlèvements, assassinats et «suicides» politiques.
Quand
tous les jours sauf mardis