Débat / Rencontre
L'Interdit (de voir...) L'Obligation (de regarder)
22 mars 2002
L'événement est terminé
" Il n'y a plus de censure, plus de tabous, plus d'interdits ! " clament les uns ou les autres avec effroi ou satisfaction. Il faut le dire vite pour le croire. Oublier la fatwa lancée contre Salman Rushdie, oublier celles et ceux qui, depuis cette date, sont tombés sous les balles des assassins. Cependant, dans nos pays démocratiques et avancés, on doit aussi, et peut-être surtout, réfléchir en termes de déplacement et substitution. Déplacement, quand la censure s'exerce à travers le marché... Substitution, quand l'interdit, transformé, se voit relayé par un dispositif plus complexe de normalisation... Une des manières de résister, est devenue, peut-être, l'obligation spécialement pertinente dans le moment présent, de regarder. L'obligation de discerner, de distinguer, d'être attentif.
Nous sommes devenus si intelligents.
Nous n'aurions pas censuré Bataille ou Guyotat, nous n'aurions pas engagé de poursuites contre Les Fleurs du mal ou Madame Bovary, nous n'aurions pas enfermé Sade.
" Il n'y a plus de censure, plus de tabous, plus d'interdits ! " clament les uns ou les autres avec effroi ou satisfaction. Il faut le dire vite pour le croire. Oublier la fatwa lancée contre Salman Rushdie, oublier celles et ceux qui, depuis cette date, sont tombés sous les balles des assassins. Cependant, dans nos pays démocratiques et avancés, on doit aussi, et peut-être surtout, réfléchir en termes de déplacement et substitution.
Déplacement, quand la censure s'exerce à travers le marché ou qu'elle se détache de l'Etat et se privatise, au rythme des poursuites judiciaires initiées par des individus ou des associations.
Substitution, quand l'interdit, transformé, se voit relayé par un dispositif plus complexe de normalisation, de dilution, générant une insidieuse contrainte : celle de se laisser submerger par ce flux incessant d'images ou par ce bavardage inutile qui, sans cesse, nous assaillent et nous interdiraient imperceptiblement de voir ou lire ce qui vaut la peine d'être lu ou vu.
La fiction (comme le récit) se retrouve alors au centre de toutes les remises en cause ; parce qu'elle nuit par les ombres qui l'entourent à une volonté paradoxale de transparence ; parce que, peu ou prou, elle est porteuse d'un monde, quand la télé-réalité évacue d'un même mouvement la fiction et le réel.
C'est pourquoi, une des manières de résister, est devenue, peut-être, l'obligation spécialement pertinente dans le moment présent, de regarder.
L'obligation de discerner, de distinguer, d'être attentif.
Programme
Michel Surya, Le premier venu
Ruwen Ogien, Libéraux et pornographes
Arlette Farge, Histoire : penser sans dommage
Jean François Chevrier, Du brouillage
Jean-Jacques Delfour, Télévision, capitalisme, prostitution. La marchandisation de l'intime
Claude de Givray, La censure éclatée
Jean-Louis Comolli, Leurres et secret
Catherine Borgella, L'uniformité, la médiocrité, l'insignifiance ou la mort ?
Quand
18h30 - 23h