Débat / Rencontre
Rudolf Schwarzkogler
Action 3, Vienne, Summer 1965
03 févr. 2008
L'événement est terminé
Action 3, Vienne, Summer ,1965
Par Sophie Delpeux, maître de conférences en histoire de l'art à l'Université de Paris 1, Panthéon-Sorbonne.
Rudolf Schwarzkogler, Action 3, Vienne, Summer, 1965
Epreuves gélatino-argentiques contrecollées sur carton
41 x 37,5 x 5,6 cm
L'Action 3 de Rudolf Schwarzkogler peut se définir comme une série d'agencements d'un corps humain masculin (Heinz Cibulka) créée pour être photographiée. Cette prise de vue a lieu sans public à l'été 1965, selon un script établi par l'artiste. Sur certains de ces tableaux vivants réalisés par Ludwig Hoffenreich, Schwarzkogler apparaît tantôt seringue à la main, tantôt déplaçant un bandage. Le plus souvent isolé, voire morcelé, le corps de son modèle subit un certain nombre d'hybridations (avec une boule, des fils électriques, un poisson) et d'enveloppements qui suggèrent autant le soin que la menace.
Prenant le parti de faire sortir la pratique actionniste d'une implication directe avec l'environnement, l'artiste fait un usage conscient du pouvoir d'évocation des images. En juillet 1965, il rédige un texte qui éclaire ce choix. Intitulé Panorama I, peinture en mouvement, ces lignes explicitent son emploi de la photographie, dans une dimension de poursuite et d'extension d'un travail engagé en peinture. L'iconographie ainsi produite parvient au public de manière différée, mais produit une très forte impression.
Ainsi, sans avoir attenté une seule fois à son intégrité corporelle lors de ces séances de poses, l'artiste va être tenu pour l'actionniste le plus radical. Les photographies sont exposées pour la première fois, à titre posthume, lors de la Documenta 5 de 1972 et suscitent en effet à la fois l'indignation et la plus tenace mythologie relative à l'actionnisme viennois : le suicide par autocastration de Rudolf Schwarzkogler (relaté par Robert Hugues dans un article du Time magazine). La trame de ces élucubrations est offerte par les photographies de cette désormais célèbre Action 3, où Heinz Cibulka porte sur le sexe un bandage souillé de quelques taches.
Sophie Delpeux est maître de conférences à l'Université de Paris 1. Elle est l'auteure d'un doctorat consacré à la performance et à sa représentation photographique. Elle a publié en mai 2000 un article consacré à Rudolf Schwarzkogler, "L'imaginaire à l'Action" dans la revue Études photographiques et prépare une étude monographique sur Allan Kaprow.
Quand
À partir de 11h30