Luc Moullet, ou le cinéma considéré comme une course de côte

Luc Moullet cantonnier. Tour à tour réalisateur, producteur indépendant, acteur, critique, essayiste, c'est en cantonnier qu'il apparaît dans Terres noires en 1961. Il dit que « ses films posent un cas, tout au moins dans le cinéma français ».

Luc Moullet géographe. « Je dois ajouter que j'écris mes scripts en pensant à des lieux précis qui déterminent l'action et l'évolution du scénario. Parfois je regarde mes cartes de l'IGN au 1/25 000, infiniment plus précieuses que mon viseur, pendu à mon cou pour frimer, et ça me donne des idées. »

Luc Moullet cycliste. « Un moment j'avais un truc. Je m'étais trouvé un circuit parfait à vélo, avec le col de la Saulce (877 m), le col des Tourettes (1 125 m), le col de Fays (1 051m), le col de Rossas (1 115 m) et le col de Carabès (1 264 m). Je pensais au scénario pendant tout ce périple, et plusieurs séquences étaient prêtes à l'arrivée, à condition qu'il fasse beau... »

Les héritages de Luc Moullet. « Je m'identifie toujours à mes ancêtres, ces paysans qui descendaient une fois la semaine au marché du chef-lieu de canton et qui, les jours précédents, avaient ruminé mot à mot leur baratin pour vendre leur fromage ou leur agneau. »

La politique des acteurs de Luc Moullet. « Le choix des acteurs est primordial, tout le reste est secondaire. J'évite d'interrompre une prise, ou même une répétition : c'est la moindre des politesses que de laisser les acteurs aller jusqu'au bout. »

L'argent et Luc Moullet. « Je réalise des films peu chers, ce qui ne me gêne pas du tout. C'est que je suis un cinéaste de basse extraction. »

Il dit aussi : « Je préfère filmer frontalement, comme les primitifs. C'est peut-être pour ça que Straub aime mes films (qui ne ressemblent guère aux siens pour ce qui est de l'essentiel). »