Art Press a trente ans

art press a 30 ans. Dans l'univers des revues voué aux proclamations péremptoires et aux existences éphémères, on pourrait considérer que cette pérennité constitue en soi un événement digne d'être fêté. Or, dieu merci (si on peut oser cette formule à propos d'art press), il n'en est rien. A la différence de ces titres dont le principal mérite est de persister, art press a su conquérir et renouveler au fil des décennies une pertinence et une autorité qui constituent pour ses adversaires un objet constant d'irritation.

Voilà déjà de bonnes raisons de fêter un anniversaire. Mais si de tels motifs permettent d'affirmer la légitimité de cette célébration, ils pourraient insidieusement nous faire passer à coté de l'essentiel : de l'envie, du désir et de l'amitié.

En mettre à jour les ressorts, c'est tenter à ses risques et périls de percer un mystère. Ne faut-il pas ici s'interroger sur un singulier cocktail qui est l'âme même du projet art press ? Combiner une fidélité sans faille à une histoire et à des amitiés avec le souci (presque anxieux) de ne rien manquer de ce qui advient dans le champ de la création comme dans celui des idées.

Ouvrir largement portes et fenêtres, aérer les atmosphères confinées, miner inlassablement mais sans dogmes les cloisonnements commodes entre les disciplines, entre l'art et les idées, entre les genres supposés nobles et ceux qui ne le sont pas. Telle est l'ambition affirmée dès les premiers éditoriaux, et qui ne variera. Est-ce à cette fidélité qu'art press doit de rester toujours en prise sur ce qui est nouveau et important ?

Le portrait ne serait cependant pas fidèle sans évoquer parmi les passions constantes, le combat sans concession contre les idéologies de haines. Ce furent là de rudes batailles auxquelles on ne manquera pas d'ajouter les charges toujours recommencées, heureusement plus drolatiques mais non pas pour autant sans péril, contre l'ennemi de toujours, le bigot, odieux ou ridicule.

Alors, bon anniversaire art press!

Programme :

- Autour de Nietzsche et de la question du ressentiment

S'il est vrai que le ressentiment est un mode de production du monde - et qui plus est - le mode le plus puissant et le plus nocif que l'on ai trouvé jusque-là.

- Lecture de Christine Angot

La soirée sera conclue par Bernard Lubat qui en proposera une libre interprétation musicale.