Carte blanche : Dans la chambre de Vanda, de Pedro Costa

Le cinéma de Pedro Costa c’est un peu le contraire du cinéma que nous pratiquons. C’est l’opposé d’un cinéma improvisé, d’un cinéma de la première fois, d’un cinéma qui selon l’expression des peintres, « va sur le motif ». C’est au contraire, toujours selon l’expression des peintres, un cinéma « de modèle ».

La chambre de Vanda n’est pas seulement la chambre réelle où Vanda vit (et meurt), c’est aussi la chambre-atelier, la chambre-studio où Pedro Costa installe ses outil et où il travaille. C’est le lieu de la rencontre entre le cinéaste et son modèle, une scène qui n’appartient ni tout à fait à l’un ni tout à fait à l’autre.

Sur cette scène, l’une vit et parfois joue les gestes et les mots qui font le quotidien de sa vie, dans une lumière, un champ et une durée strictement définis et imposés par l’autre.

Paradoxalement, Pedro Costa obtient ainsi, au delà de toute sentimentalité et de toute psychologie, un effet de réalité brute et de vérité rarement atteint.

Pedro Costa dit qu’il n’aime pas le documentaire. Pourtant, avec Dans la chambre de Vanda, il lui ouvre de nouvelles pistes et lui offre un de ses chefs-d’œuvres.

Pedro Costa, Dans la chambre de Vanda, 2000, Allemagne, Italie, Suisse, Portugal, 170'

Prix des Bibliothèques Cinéma du réel 2001, Prix France Culture Festival de Cannes 2002, Prix de la Jeunesse Festival de Locarno 2000