Eric Troncy : commissaire, auteur

On sait que la conception des expositions fait débat. On comprend que pour beaucoup chronologie et monographie devraient s'effacer au bénéfice par exemple d'une idée de la mise en relation des œuvres entre elles. Harald Szeemann fut historiquement une des figures inaugurales et emblématiques de ces processus, oeuvrant en même temps à une nouvelle définition du rôle du commissaire.

Aujourd'hui, Eric Troncy, co-directeur du Consortium de Dijon, amplifie cette tendance puisqu'il va jusqu'à revendiquer le titre non pas de commissaire d'exposition mais d'auteur, empruntant à la cinéphilie la formule « cinéma d'auteur ».

Ainsi la récente exposition Coollustre à Avignon dont il a eu la responsabilité est-elle déjà ce « récit », ce début d'histoire que le rapprochement des œuvres fait naître de salle en salle. La Biennale de Lyon dont Eric Troncy au sein du Consortium de Dijon (avec Xavier Douroux et Franck Gautherot, accompagnés de Robert Nickas et Anne Pontégnie) assume le commissariat, emprunte son titre et sa stratégie au cinéma - à René Clair : « C'est arrivé demain », manière de donner le sentiment d'un récit à venir, sans échapper à cette question : « est-il possible d'empêcher le futur programmé d'advenir ? ».

Les commissaires déclarent encore, dans le projet liminaire : « Nous avons cherché à construire une exposition comme le moment d'une subjectivité collective à même de résister à la tentation d'entériner la réalité telle qu'elle est, de penser le lien qui unit le spectateur à l'exposition comme une expérience multiple plutôt qu'une simple visite, de considérer l'art comme un langage singulier, ni transversal ni intermédiaire, mais tout bonnement spécifique ».

A Eric Troncy alors de répondre de cette proposition renouvelée d'une histoire des formes.