Mouvements 1

L’exposition Mouvements 1 reprend une exposition de cinq jeunes artistes français (Anne-Marie Jugnet, Elisabeth Ballet, Bernard Piffaretti, Didier Marcel, Vincent Corpet) qui s’est tenue à l’automne 1990 à Ludwigshafen. Les contraintes de lieu, mais aussi l’évolution du travail des artistes ont conduit à apporter des modifications par rapport à l’accrochage initial.

Cette exposition est née de la rencontre de deux souhaits : celui de la société BASF de montrer, à Ludwigshafen, une sélection de jeunes artistes français et celui du Musée national d’art moderne de consacrer à partir de 1991, la moitié des Galeries Contemporaines du Musée à l’exposition d’œuvres d’artistes vivant en France. D’emblée, dans l’exposition le contenu des œuvres diffère, mais tout se passe comme s’il procédait d’un tronc commun.

Le souhait de la BASF s’est concrétisé dans une demande précise à l’égard du Musée : que celui-ci serve de conseil artistique et organise des rencontres avec les artistes. Ce sont donc de très nombreux ateliers qui ont été visités par le Dr Detlef Böckmann, responsable de l’exposition à Ludwigshafen, et une équipe du Musée. Un choix a été fait en commun de cinq artistes. Leurs œuvres sont très diverses et n’ont guère de ressemblances entre elles. Mais au-delà de leur variété formelle, au-delà du champ spécifique que chacune d’elles s’approprie - l’inscription chez Anne-Marie Jugnet, le volume et sa représentation chez Elisabeth Ballet, la duplication des images chez Piffaretti, l’auto-référentialité de la peinture, sa circularité chez Corpet, le modèle chez Didier Marcel - ces œuvres témoignent toutes d’une même volonté : celle de procéder à un élargissement des possibilités qu’offre un médium donné.

La reprise de médiums traditionnels se fait donc chez ces artistes sans aucune nostalgie passéiste, mais avec au contraire la conviction que tout est possible et que tous les matériaux et toutes les manières peuvent être mises en œuvre.

Cet élargissement, appelons-le mouvement, et puisque plusieurs artistes sont rassemblés dans cette expositon, titrons-le Mouvements au pluriel, pour marquer que chacun des artistes adopte des méthodes qui lui sont propres.

Dans l’œuvre d’Elisabeth Ballet, la sculpture contemple son dessin ; dans celle de Corpet, la peinture par son fonctionnement même engendre des « monstres » ; la peinture de Piffaretti substitue une réflexivité mécanique ou automatique à celle de l’artiste ; c’est le visuel même qui devient le matériau des inscriptions d’Anne-Marie Jugnet : l’effort de voir est déjà un geste artistique : la sculpture de Didier Marcel - comme un modèle réduit - implique une opération mentale de transposition et d’agrandissement.

Cette exposition, enfin, est une parmi plusieurs que nous aurions pu faire. Le Musée compte donc bien lui donner une suite et renouveler bientôt cette expérience.

D'après Jean-Hubert Martin, préface du catalogue d'exposition.