Roni Horn

Roni Horn, artiste américaine née en 1955 à New York, principalement connue pour ses sculptures et ses photographies, pratique le dessin depuis plus de vingt ans.

Dessiner, c'est pour elle à la fois un travail d'écriture, de sculpture et d'installations photographiques dans lequel prédomine l'interaction dialectique entre l'oeuvre et le spectateur.

Elle fait ses études à la Rhode Island School of Design (1972-75) et à l'Université de Yale (1976-78).

Présentée en France depuis 1987, c'est seulement depuis 1999 que l'on a pu découvrir véritablement son travail, d'abord au CAPC Musée d'art contemporain de Bordeaux et au Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris, puis en 2002 à la Galerie Yvon Lambert.

Ses dessins à base de pigment, qu'elle nomme pigment drawings sont réalisés en appliquant directement le pigment sur le papier avec un peu d'essence de térébenthine. L'artiste consolide ensuite la tenue de la poudre avec du vernis, qu'elle applique progressivement au pinceau jusqu'à ce qu'elle adhère au papier.

Cette opération peut prendre plusieurs mois. Il est alors découpé soit en bandes régulières, soit en formes géométriques complexes, qu'elle joint bord à bord avec des morceaux de papier d'épaisseur et de couleur équivalentes dans un minutieux processus de recomposition. Le nouveau dessin s'approche plus de l'assemblage que du collage.

Dans les années 80, elle utilise le papier comme lien servant à explorer de nouvelles possibilités : ses dessins de petit format sont des répétitions de formes colorées.

Dans les années 90, la feuille s'agrandit, les lignes créées par l'assemblage des morceaux de papier prennent de l'importance et se détachent grâce à de minces traits à la mine de plomb, de simples mots répétés, qui marquent les points de confluence entre les différents papiers.

Dans la série So, la forme se dissout en se déployant sur toute la surface, tandis qu'avec Too, Roni Horn abandonne provisoirement le grand format, et laisse au contraire la couleur se concentrer dans la partie centrale de la feuille.

Dans la dernière série Were, la forme est dédoublée puis elle devient diptyque.

Parallèlement aux dessins au pigment, elle élabore un autre type de dessins à partir de portraits photographiques d'un clown réalisés dans son atelier. Reprenant la même technique, les photographies sont découpées en morceaux et ré-assemblées avec de légers décalages. Les visages résultant de ce procédé sont destructurés et décomposés.

Le découpage peut être relativement simple, avec de grands morceaux de papier comme dans Clowndoubt (you), ou plus élaboré avec de fines lanières verticales qui complexifient encore la lecture des images dans Clowndoubt (No).

La toute récente série Clownpout est encore plus complexe : les deux mêmes têtes sont imbriquées l'une dans l'autre, comme le résultat d'une étreinte passionnée, d'un combat ou d'un accident. Dans cette nouvelle série, la concordance est parfaite entre la forme et le contenu. La découpe et la recomposition quasi-destructive de l'image vont de pair avec la violence que dégage l'oeuvre.