Pour Samuel Beckett

Prenant place dans une série d'œuvres concertantes de Pascal Dusapin, Quad, pour violon et quinze instruments, dédiée « à la mémoire de Gilles Deleuze », emprunte son titre à l'une des dernières pièces de Beckett pour faire littéralement exploser de l'intérieur la forme concertante classique. De son côté, Jérôme Combier aborde la musique en poète des sons davantage qu'en dramaturge. L'une de ses dernières pièces (Estran, 2005) s'inspire d'une phrase tirée de Pour en finir encore et autres foirades : « Poussière grise à perte de vue sous un ciel gris sans nuage et là soudain ou peu à peu où poussière seule cette blancheur à déchiffrer... » Quant à la pièce radiophonique Words and Music de Morton Feldman, elle a été composée plus de vingt ans après une première version élaborée par l'écrivain lui-même sur une partition de son cousin John Beckett. Respectivement nommés « Joe » et « Bob », les mots et la musique y excavent un abîme qui n'est autre que celui du langage. De là naît une écoute suspendue entre la contemplation et l'attente, la tension et l'épuisement, l'absurde et le désespoir.