Le Regard du peintre

Dans les Galeries contemporaines, le Musée national d’art moderne engage une série de présentations, qui ont pour objet de mieux faire connaître l’actualité artistique, à travers les collections nationales.

Cette exposition est une sélection du Fonds national d’art contemporain d’œuvres d’une trentaine d’artistes dont le point commun est une fidélité aux conceptions traditionnelles de la peinture.

Voire parfois même une réaction délibérée contre les acquis de la modernité tels qu’ils nous ont été transmis depuis Cézanne par le fauvisme, le cubisme, ou l’abstraction. Certains d’entre eux ont été groupés naguère par Jean Clair sous l’étiquette d’une Nouvelle subjectivité. Leur principal trait commun semble être de vouloir échapper aux canons impératifs des avant-gardes successives que nous connaissons.

Tous les peintres ici réunis sont figuratifs, et le réel est sans doute pour chacun le point d’ancrage essentiel d’une vision qui se veut avant tout picturale, fondée sur la délectation rétinienne de la couleur et de la pâte, dans cette fenêtre magique que constitue l’espace rigoureusement limité du tableau.

Le réel est pour eux une émotion visuelle à transcrire, un éblouissement que libère le langage moderne de la peinture, ou les songes d’une nostalgie, un rappel ou clin d’œil au romantisme du XIXe siècle.

Tous, sauf Balthus qui pourrait bien souvent leur servir de parrain, sont apparus après la guerre, les plus nombreux dans les années 70.

D’après Germain Viatte, in Le Bulletin, n°10, décembre 1978-janvier 1979