Femmes d'un jour

Cette exposition se propose de montrer « une image de la femme à travers la presse écrite », « une journée comme les autres ».

Il s’agissait d’abord de faire un accrochage sur l’image de la femme dans la publicité, autour de la notion de femme-objet. D'où une scénographie utilisant des mannequins de boutique faisant fonction de « femmes-sandwiches ». Puis l’idée se fait à l’automne 1976 d’une exposition sur « la femme dans les mass-médias », qui deviendra Femmes d’un jour. Ce jour, c’est le 3 novembre 1976, le jour de l’élection de Jimmy Carter…

Les commissaires dépouillent 99 journaux : quotidiens, hebdos, mensuels, dont la presse féminine, « de mode » (Elle, Marie-Claire), « familiale et pratique » (Pour vous madame, etc) et « d’évasion » (Nous deux, etc).

Des articles sont prélevés au hasard des pages et des écrits, puis disposés sur 34 panneaux, six mannequins, et 4 caisses. Ils sont regroupés selon de grandes thématiques : la jeunesse, le corps, l’amour, la conjugalité, le travail, etc.

Des panneaux comportent des dessins, des textes écrits pour l’exposition, à la tonalité générale plutôt ironique et désenchantée; ainsi que des données chiffrées, des statistiques sur la condition féminine, le travail, la conjugalité, l'éducation, la sexualité. On y trouve également des citations de Marcuse, Simone de Beauvoir et d’autres auteur-e-s féministes contemporain-e-s, ou tirées d’articles de presse.

Statut symbole et modèle sublimé, cible commerciale et argument de vente, la femme est utilisée, représentée avec une variété extrême. Femme au travail, femme à la maison, femme et amour, femme et corps, femme et publicité, autant de thèmes qui sont ici abordés avec un regard critique, un humour salutaire, confrontant le rêve proposé dans la presse et la réalité quotidienne.

En prise directe avec les mouvements féministes et certaines pratiques artistiques des années 70, cette exposition vise deux objectifs :

- montrer le hiatus entre la féminité rêvée des magazines et la réalité quotidienne des femmes ;

- s’appuyer sur ce constat pour démonter les stéréotypes associés à la féminité qui s’avèrent non seulement préjudiciables aux femmes, mais inadéquats à la société moderne, aliénants parce qu’illusoires.

D’après Emilie Bouvard, sur le blog elles.centrepompidou.fr, etLe Bulletin, n°1, janvier-mars 1977

L’exposition itinèrera ensuite dans de nombreuses villes de France.