Régine Chopinot, Catherine Diverrès, Mathilde Monnier

Tauride

(1992) / 26'

Chorégraphie : Catherine Diverrès (née en 1959)

Interprétation : Lluis Ayet Puigarnau, Thierry Bae, Fabrice Dasse, Katia Fleig, Olivier Gelpe, Anne Koren, Vera Mantero, Bernardo Montet, Marie-Hélène Mortureux, Rita Quaglia, Giuseppe Scaramella

Réalisation : Teo Hernandez

Focalisée sur la chair, ses impulsions et ses gestes, la caméra de Teo Hernandez fait basculer l'image, du monde des corps à l'intensité des gestes. Reconnu pour son travail expérimental, le cinéaste mexicain filme de manière rythmique, en accélérant ou ralentissant le tempo. Cette dimension instable, mouvante s'adapte parfaitement au propos de la pièce créée en écho à la tragédie d'une guerre voisine, en Yougoslavie. Sans pourtant chercher à en restituer la teneur. A l'instar de la chorégraphe, qui déploie une écriture nerveuse, à vif, trouble et rebelle, il offre un point de vue très personnel de ce spectacle. Une imposante danse processionnelle accompagnée de la sublime voix de Vera Mantero clôt ce film rare.

Vers Mathilde : une saison avec Mathilde Monnier

(2004) / 60'

Chorégraphie : Mathilde Monnier (née en 1959)

Réalisation : Claire Denis

Vers Mathilde n'est pas un documentaire sur le travail de la chorégraphe ni un portrait qui chercherait à mieux saisir les contours de l'artiste. Ce film est un dialogue discret entre les deux femmes, dialogue dont l'une offrirait son corps et son langage comme les vecteurs sans cesse renouvelés d'une plongée sensible vers le mouvement, et l'autre sa vision et ses images comme cadre à ces instants fugitifs. Bien que nous retrouvions plusieurs pièces inscrites à son répertoire - Allitérations ; Déroutes ; 8 mn et des ébauches de travail de Public -, le film de Claire Denis s'attache plus à saisir les multiples chemins qui constituent la personnalité créative de l'artiste qu'à donner une approche exhaustive de ses nombreux opus. Entourée de son équipe, Mathilde Monnier nous livre ces relations qui se construisent dans l'ombre et qui atteignent rarement l'espace public. Ainsi, Vers Mathilde, sans vouloir être didactique, nous entraîne progressivement dans l'univers de l'artiste.

À propos de la corde

(2003) / 47'

Chorégraphie : Régine Chopinot (née en 1952)

Interprétation : John Batemam, Régine Chopinot, Alexandre Del Perugia, Virginie Garcia, Claire Servant, Duke Wilburn

Réalisation : Janà Tesarovà

À propos de la corde interroge les destinées mortelles de la chair, entre jouissance et torture, présence et disparition. La pièce s'insinue au plus profond de la matière et de ses représentations, icônes sacrées ou rituels collectifs. L'impulsion de danser, fabuleux rêve d'apesanteur, se matérialise ici comme abandon de son poids et chute dans le vide, précipitation dans le noir, plongée à l'intérieur des organes, capitulation à la corde d'une pendaison métaphysique. Réalisé à partir du spectacle Chair-Obscur(2002), le film met en valeur la fonction de la lumière dans la dramaturgie de la pièce en utilisant les moyens propres à l'audiovisuel. Du flou au net, de la matière brute à la sculpture, la caméra expose tantôt les corps comme matière, magma quasiment sans contours, tantôt elle les découpe en bribes et morceaux, forgeant d'anormales dimensions plastiques et les révélant à la fois victimes et bourreaux, machines et cadavres.