Emmanuel Todd

Les dirigeants des Etats-Unis exaltent les bienfaits du leadership américain.

Leurs adversaires, traditionnels ou plus récents, s'inquiètent de sa toute puissance. Les uns et les autres s'accordent à affirmer l'hégémonie grandissante de l'Amérique.

C'est un tout autre point de vue qu'adopte Emmanuel Todd. Il diagnostique, au contraire, un déclin relatif mais irréversible de la première puissance mondiale.

Dans le même temps, il oppose à la vision catastrophiste d'une spirale de violence dans laquelle serait entraînée notre planète, l'émergence progressive - en dépit de cruels soubresauts- d'un monde plus paisible et plus démocratique.

Ainsi, il n'y aura donc pas d'empire américain : le monde est trop vaste, trop divers, trop dynamique. Mieux encore, les U.S.A découvrent une situation inédite : ils ont de plus en plus besoin du monde quand le monde a de moins en moins besoin d'eux.

Bonne nouvelle ? Sans doute, si Washington ne déployait tous ses efforts pour conserver le contrôle politique des ressources économiques en déployant " un militarisme théâtral ". En maintenant des sources de conflits potentiels à travers la planète, en accroissant artificiellement les tensions, en déclenchant des guerres inutiles.

Pour autant, Emmanuel Todd ne se départit pas d'un optimisme fondamental auquel on peut opposer deux objections. La métamorphose qu'il décèle de la démocratie américaine en oligarchie qui nourrit le désordre du monde, n'est-elle pas de nature à créer des enchaînements irréversibles ? N'y a-t-il pas un risque à surestimer les effets proprement politiques de progrès essentiels que sont l'alphabétisation et la maîtrise de la fécondité ?