Exposition / Musée
Polyphonies
19 oct. 2016 - 23 janv. 2017
L'événement est terminé
Du gramophone au smartphone, l’Homme fait exister sa voix dans des temps et des espaces alternatifs à la faveur de ses innovations. La voix vit hors du corps ; enregistrée, elle est immortelle ! Si la technologie produit des voix à l’aide de programmes informatiques, une génération d’artistes la replace au cœur d’une pratique plastique nécessitant une présence de chair et d’os.
Dans l’espace prospectif du Musée, l'exposition Polyphonies s’organise autour du thème de la voix comme matériau, matière première impliquant le corps humain dans son rapport au son et à l’espace. franck leibovici montre un « opéra pour non musiciens » ; Oliver Beer s’intéresse dans ses vidéos aux relations entre espace, instrument et voix ; quant à Mariechen Danz, elle choisit d’évoquer les rapports entre le corps et la langue.
Quand
11h - 21h, tous les jours sauf mardis
Où
15 décembre, 20h Soirée sonore avec franck leibovici (Galerie 0)
19 janvier, 20h Museum Live avec franck leibovici (Galerie 0)
2 novembre, 19h Making and Beaking, une performance d’Oliver Beer (Galerie 0)
Oliver Beer
Né en 1985 au Royaume Uni, Oliver Beer a étudié la composition et est diplômé de la Ruskin School of Drawing and Fine Art de l’Université d’Oxford. Sa personnalité et son parcours l’ont amené à s’intéresser très tôt à la relation qui existe entre le son et l’espace, en particulier à travers la voix et l’architecture.
L’oeuvre d’Oliver Beer a déjà fait l’objet de nombreuses projections et d’expositions personnelles et de groupes dont notamment à l’Ikon Gallery de Birmingham, au Palais de Tokyo, à la Fondation Vuitton et au Centre Pompidou à Paris, au Musée d’art contemporain de Lyon, au Modern Art d’Oxford, au WIELS de Bruxelles, à Biennale d’Istanbul et au MoMA PS1 à New York. Oliver Beer a été accueilli en résidence notamment par le Palais de Tokyo, la Watermill Foundation et la Fondation Hermès.
Making and Beaking
Oliver Beer présente son projet Prelude, All the Notes, composé de deux performances.
En guise de prélude, le contreténor Rodrigo Ferreira participera à la création de Beaubourg Prelude: Purcell, Ferreira, Berden-Campo, une nouvelle composition spécialement pensée par Oliver Beer pour cet événement. À cette occasion, Beer a appris au chanteur lyrique à utiliser uniquement la résonance de sa voix pour faire vibrer les cordes du piano, sans jamais le toucher. Reprenant l’air de Purcell « O Solitude », il construit ainsi une progression harmonique qui résonne dans l’espace.
Ensuite, pour Making and BreakingTristan, Oliver Beer sectionne les cordes d’un piano de concert note après note selon un ordre précis de façon à reconstituer puis à décomposer le célèbre accord inaugural de l’opéra Tristan et Isolde de Richard Wagner. La pédale de sourdine est maintenue enfoncée afin que les cordes puissent résonner librement et qu’avec l’impact de percussion induit par chaque sectionnement l’ensemble des cordes restantes vibrent puissamment. Chaque geste libère une partie des 18 tonnes de pression contenues dans les cordes du piano et le fameux accord émerge progressivement de la dissonance. Une fois que les notes superflues ont été éliminées et que l’accord parfait se fait entendre, il s’en trouve immédiatement déconstruit - découpé note par note - jusqu’à ce que la vibration de la dernière corde s’éteigne. Les cordes coupées sont ensuite collectées, attachées en fagot avec le feutre du piano, et pendues comme un trophée au mur du musée. L’accord de Tristan a une signification particulière, et encore controversée, car il s’agit du premier morceau de musique classique qui se détache si nettement des canons traditionnels de l’harmonie et de la notation de la clef. Tout comme certains cherchent les racines du modernisme en peinture dans les oeuvres de Manet ou de Cézanne, son effet déstabilisateur lui a valu la réputation, par sa radicalité, d’être à l’origine de la musique classique moderne.
À l’occasion de cette exposition, Oliver Beer présente deux vidéos. Composition for Two Pianos and An Empty Concert Hall (2011) montre comment deux jeunes garçons (trebles) peuvent faire résonner les cordes d’un piano en utilisant seulement leur voix. Dans Mum’s Continuous Note (2012), la mère de l’artiste maintient une note unique sans marquer d’interruption pour reprendre son souffle. Il s’agit d’une ode à la profondeur de la voix humaine et à l’émotion qu’elle peut transmettre.
13 janvier, 19h30 Mise en silence, une performance de Lauren Tortil (Hall du Centre Pompidou)
Lauren Tortil (1986, France, vit et travaille à Lyon)
Intéressée par le design et l’acoustique, Lauren Tortil se concentre sur l’interaction entre la diffusion du son et son environnement. « Favorisant particulièrement l’acoustique architecturale, je crée des dispositifs où la propagation du son interagit avec mes constructions en fonction de leur forme, leur volume, la densité des matériaux », dit-elle. Elle prend part à l’exposition « Polyphonies » à travers des workshops durant lesquels elle évoque la propagation de la voix.
Mise en silence
Si nous pensions le langage comme excès, le silence serait cet espace où advient le sens.
Mise en silence est une performance collective et polylingue écrite par l’artiste et une trentaine d’adolescents arrivés depuis peu en France. Munis de portevoix, ils se proposent de jouer avec les étendues de propagation du son au sein du Centre Pompidou, de composer un nouvel espace d’échange – dilaté – par voie acoustique afin d’y révéler la puissance du silence.
20 janvier, 19h « Chant contre champ, Chantal Akerman : chanter, se libérer », conférence d’Emma Dusong (Cinéma 1)
5 janvier, 19h « Chanter pour se faire entendre », conférence d’Emma Dusong (Cinéma 2)
Chanter pour se faire entendre
Chanter allie l’engagement physique à l’expression. En invitant le visiteur au sein de ritournelles et de chansons, les artistes utilisent un médium séduisant et entraînant. La voix chantée favorise le contact et devient une interface idéale pour transformer une expérience intime en une expérience collective. Certains artistes utilisent le chant comme un temps d’expérience qui lie le visiteur à son intériorité et à son environnement, d’autres l’emploient pour son potentiel politique. Dans un mouvement rassembleur, la mélodie emporte son auditoire et chanter devient un moyen de se faire entendre.
10 novembre, 19h « Chanter pour toucher – Poésie, art, musique et architecture chez Vito Acconci », conférence d’Emma Dusong (Cinéma 1)
Emma Dusong, (Née en 1982, France, vit et travaille à Paris)
Artiste et historienne de l’art, Emma Dusong s’intéresse à la performance et à la vidéo, et particulièrement au travail de la voix. Elle explique que c’est la « dimension vivante et évanescente [de la voix], tellement présente, expressive et tactile » qui la fascine. Partant du constat que la voix, si spontanée, est vouée à disparaître instantanément, elle se demande « Comment faire durer une voix ? Comment faire durer un geste ? Comment faire durer une vie quand elle n’est plus ? ».
7 décembre, 19h Soirée Ircam – la voix fantôme avec Nicolas Obin (Cinéma 1)
Nicolas Obin (Né en 1980 en France, vit et travaille à Paris)
Nicolas Obin est maître de conférences à l’université Pierre et Marie Curie – Sorbonne Universités et chercheur dans l’équipe Analyse et synthèse des sons à l’Ircam. Spécialiste de la voix, du traitement du son et de l’apprentissage machine, il est profondément engagé dans la promotion des technologies numériques pour la création, l’art et la culture.
Par sa dualité entre la langue et l’expression, le texte et le son, la voix humaine est un instrument unique qui occupe une place centrale à l’Ircam depuis sa création. De Farinelli (G. Corbiau, 1984) aux Amours d’Astrée et de Céladon (E. Rohmer, 2006), les chercheurs de l’Ircam n’ont cessé de manipuler la plasticité de la voix humaine pour en étendre les capacités expressives et créer de nouvelles voix. A l’image du film Marilyn (P. Parreno, 2012) et du film documentaire Juger Pétain (R. Saada, 2014), les avancées en apprentissage machine permettent aujourd’hui de redonner une voix numérique aux personnalités du passé à partir d’archives sonores. Les technologies numériques constituent ainsi un formidable moyen de réappropriation et de création d’un patrimoine historique et culturel où les fantômes du passé pourront ressurgir et s’incarner dans le temps présent.
12 janvier, 19h Rencontre avec Emma Dusong (Cinéma 1)
Emma Dusong, (Née en 1982, France, vit et travaille à Paris)
Emma Dusong est artiste et chercheuse. Née en 1982 aux Lilas, Emma Dusong vit à Paris. Diplômée de l’école nationale supérieure des beaux-arts de Paris avec les félicitations du jury en 2008, elle présente son travail en France et à l’étranger depuis le début des années 2000. Elle est également docteur en sciences de l’art et esthétique, maître de conférences.
Après avoir exposé au Centre Pompidou son oeuvre Robines dans l’exposition Polyphonies, Emma Dusong présente son travail d’artiste : vidéo, installation et oeuvre vocale depuis la fin des années 1990 à aujourd’hui. À travers la voix humaine, parlée ou chantée, Emma Dusong recherche des expériences vivantes. Depuis 2014, son travail est représenté en Suisse par la galerie Laleh June. En 2016, elle expose Suivre sa voix au CRAC Languedoc-Roussillon à Sète et Source sonore au CAIRN, Centre d’art à Digne-les-bains. Elle est actuellement en résidence au fonds de dotation Maison Bernard où elle réalise une oeuvre in situ pour l’architecture de Antti Lovag.
20 novembre, 19h Atelier avec franck leibovici (Galerie 0)
24 octobre, 19h Discussion entre Kader Attia et Hélène Hazéra sur le thème des polyphonies (Cinéma 2)
Kader Attia (1970, France, vit et travaille entre Berlin et Alger.)
Fort d’une double culture, française et algérienne, Kader Attia a grandi en banlieue parisienne, dans un milieu multiculturel et cosmopolite. Son oeuvre, irriguée par ses propres expériences, est traversée par les notions de déracinement et de tissage des civilisations, parfois difficiles. Kader Attia réfléchit depuis plusieurs années à l’idée de « repair », intimement liée à la reconstruction d’une identité. Il intervient dans l’exposition lors d’un dialogue sur les polyphonies avec la journaliste Hélène Hazéra.