Cinéma / Vidéo
Camera Britannica
2 - 30 mai 2012

L'événement est terminé

Considérer le cinéma comme un territoire de transit à l'aune d'une scène artistique géographiquement localisée mais culturellement éclatée, est l'enjeu de ce cycle consacré au cinéma britannique actuel.

Considérer le cinéma comme un territoire de transit à l'aune d'une scène artistique géographiquement localisée mais culturellement éclatée, est l'enjeu de ce cycle consacré au cinéma britannique actuel. En partant du principe qu'il puisse exister une double généalogie, ce programme de films et vidéos propose la mise en perspective d'un héritage artistique partagé entre théâtralité et mélancolie, contemplation et destruction, nostalgie et invention. C'est à ces points de glissement et de rupture que se joue un rapport à l'histoire et à la tradition, à la culture et au politique, difficile, ambivalent et qui devient dans l'élaboration d'un langage visuel, une pratique de contestation partagée entre un désir d'émancipation et l'espoir d'un retour. Ce programme de films et de vidéos s'inscrit dans le prolongement de l'exposition 'Au loin, une île!' présentée au Frac Aquitaine (30 septembre-17 décembre 2011) puis à la Fondation d'Entreprise Ricard (10 janvier-11 février 2012). Programme conçu par Marie Canet, commissaire indépendante Propos recueillis par Jonathan Pouthier, attaché de conservation Questions à Marie Canet, commissaire indépendante : Le programme « Camera Britannica » reflète l’usage croissant du film dans le champ des arts plastiques. Comment expliquer ce recours à la pellicule qui semblait vouée à la disparition ? MARIE CANET – La distinction entre plasticien et cinéaste est très floue ; beaucoup d’artistes plasticiens choisissent le film – notamment le 16mm – comme médium et sont confrontés aux mêmes difficultés que les cinéastes. En 2011, artistes britanniques et commissaires se sont mobilisés en apprenant que le London Film Laboratory, le dernier labo 16mm en Grande-Bretagne, décidait de supprimer cette activité. Psara’s Donkey d’Oliver Bancroft est le dernier film tiré par ce laboratoire. Il est de plus en plus rare de faire développer mais aussi de trouver des lieux pour montrer des oeuvres sur support film. Et cependant la production de films semble perdurer. Quels sont les liens entre certaines figures emblématiques, Derek Jarman ou John Latham, et la jeune génération ? MC – Jarman se définissait comme homme de la Renaissance et homme de l’époque contemporaine. Entre radicalité et tradition, activisme et fascination pour le passé, il avait fait de cet écart le territoire de ses explorations artistiques. John Latham a profondément marqué l’art conceptuel britannique. Il se place du côté de la « destruction », celle des livres notamment, parce qu’ils symbolisent différents systèmes de croyance et ont pu être moteur de violence. Lorsque la conscience politique se confronte à l’histoire, entre destruction et invention, se joue alors un rapport à l’histoire et à la tradition, qui est toujours vibrant parmi les jeunes artistes comme Jessica Warboys (côté Jarman), Louis Benassi (côté Latham). Comment qualifieriez-vous la scène expérimentale britannique actuelle ? MC – Les artistes présentés ne sont pas tous britanniques (Lijana Jakovlevna Siuchina est lituanienne), pas seulement cinéastes (Charlotte Moth, Uriel Orlow ou Hector Castells-Matutano pratiquent la photographie, la sculpture, l’installation). J’ai construit le programme en partant du principe qu’il existe une double généalogie : d’un côté le théâtral, la destruction, l’invention et de l’autre la contemplation, la mélancolie. À ce croisement se joue un rapport difficile et ambivalent à l’histoire et à la tradition qui, traduit dans un langage visuel, devient une pratique de contestation partagée entre un désir d’émancipation et l’espoir d’un retour. Disons que c’est la question de l’expérimental même. Remerciements : Frac Aquitaine, Fondation d'Entreprise Ricard Remerciements à tous les artistes, galeries et distributeurs : Amalia Pica et la Galerie Diana Stigter; Duncan Campbell et Lux; Jessica Warboys et la galerie Gaudel de Stampa; Charlotte Moth et la galerie Marcelle Alix; Louis Benassi; Gustav Metzger, Harold Liversidge et Chris Hammonds; John Smith et Lux; Hector Castells-Matutano; Mark Lewis et la Galerie Serge Le Borgne; Uriel Orlow et Lux; Oliver Bancroft; John Latham, Lux et Lisson gallery; Homi K. Bhabha, le Van Abbemuseum et le Capc Bordeaux; John Akomfrah, Reece Auguiste, Edward George, Lina Gopaul, Avril Johnson, David Lawson et Trevor Mathison; Tim Steer ; Andrew Kötting; Lijana Jakovlevna Siuchina; Jeremy Deller et la galerie Art Concept. Remerciements également pour les échanges et les discussions : Vanessa Desclaux, Anne-Sophie Dinant, Mathieu Copeland, Gil Leung, Mark Webber, Stuart Comer, Ricardo Matos-Cabo, Philppe-Alain Michaud. Et merci à Isabelle Ribadeau-Dumas, Natalia Klanchar et Jonathan Pouthier
Où
Cinéma 2
Quand
2 - 30 mai 2012