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Ce qui est déjà là

Une proposition des Ateliers Médicis avec le Centre Pompidou
dans le cadre de Moviment

Depuis Clichy-sous-Bois et Montfermeil (en Seine-Saint-Denis), là où apparaissent et disparaissent les bâtiments au rythme des rénovations urbaines successives, les Ateliers Médicis imaginent le futur et résistent à l’éphémère. Se constituent, non seulement un lieu, mais aussi des communautés d’artistes, de complices, d’habitants, de publics, exigeant ensemble une juste représentation des responsabilités historiques, sociales et culturelles.

Trois questions à Clément Postec

conseiller arts visuels aux Ateliers Médicis

et commissaire de l’exposition événement « Ce qui est déjà là »

 

Les Ateliers Médicis sont invités au Centre Pompidou. Quelle est l’histoire de cette collaboration ?

Clément Postec : Le Centre Pompidou collabore avec les Ateliers Médicis depuis le début de l’aventure, notamment lors de la résidence du collectif d’architectes Arquitectura Expandida à Clichy-sous-Bois, en 2017. Depuis 3 ans, les Ateliers Médicis et le Centre Pompidou partagent un grand projet commun, initié avec la cinéaste Alice Diop : La Cinémathèque idéale des banlieues du monde. Cette collaboration s’est naturellement poursuivie par l’invitation du Centre Pompidou aux Ateliers Médicis à l’occasion de Moviment, en galerie 3. 

Le Centre Pompidou est un musée, mais pas seulement ; les Ateliers Médicis sont un lieu de résidences d’artistes, mais pas seulement. Il nous semblait intéressant de croiser les enjeux des deux institutions, différentes et pourtant si proches, et mettre ainsi au centre des regards les créations sur lesquelles travaillent les artistes accueillis aux Ateliers Médicis. 

 

L’exposition est organisée autour de trois thématiques : « communautés choisies, communautés subies » ; « fières parades » ; « prendre place ». Quels liens tissez-vous entre ces thématiques ? Que signifie pour vous aujourd’hui « prendre place » ?

CP : Ces thématiques sont toutes liées entre elles et il en manque ! Mais ensemble, elles expriment les idées fortes que portent les artistes des Ateliers Médicis et les Ateliers Médicis eux-mêmes. Ce ne sont pas que des enjeux artistiques, ce sont des questions d’aujourd’hui, de grandes questions collectives. Qui parle (dans l’espace public) ? Qui parle de qui ? Qui parle de quoi ? Qu’est-ce qui fait culture ? Qui a le droit de faire culture ? Sur les pistes de ces questions aujourd’hui essentielles, nous suivons les artistes, leurs propositions, leurs propres interrogations, leurs actions…

Prendre place est l’enjeu de toute nouvelle génération artistique. Peut être que les Ateliers Médicis sont doublement concernés, quand les trajectoires de vies et les œuvres sont considérées périphériques, minoritaires ou réellement liées à des histoires passées sous silence. Oui, c’est deux fois l’enjeu des artistes des Ateliers Médicis et des Ateliers Médicis eux-mêmes que de prendre place. 

 

Au sein de l’exposition sur un mur sont affichées des dizaines d’images. Que représentent-elles ? 

CP : Invités au Centre Pompidou, nous souhaitions nous présenter en faisant notre portrait. Comment le faire ? Les Ateliers Médicis travaillent avec des centaines d’artistes depuis le début de l’aventure en 2016. Ces artistes sont de toutes disciplines, générations, et l’idée de ce mur est de rassembler quelques indices de ce qu’ils ont pu créer ainsi que des images symboliques fortes liées à l’histoire du projet. Qu'apparaît-il lorsqu’on les réunit ? Ces images représentent les tropismes des artistes, leurs préoccupations comme leurs aspirations. 


Celles et ceux qui font « Ce qui est déjà là » :

Paulo Accioly Lins de Barros – Ismail Alaoui Fdili – Sharon Alfassi – Article 15k – Murat Arslan – Charlie Aubry – Yasmina Benabderrahmane – Aristide Barraud – Ismael Bazri – Helena Berkaoui – Hajer Ben Boubaker – Justine Bertillot & Xavier Roumagnac – Mélodie Blaison – Rémi Brachet – Ugo Casabianca – Meriem Chabani – Aurélie Charon – Bilel Chikri – Club de Double Dutch de Vitry-sur-Seine – Henri Coutant – Julien Creuzet – Chris Cyrille – Louise Délécaut – Rokhaya Diallo – Alassan Diawara – Alice Diop – Abdou Diouri – Chayma Drira – zakkiyyah najeebah dumas o’neal – Electro Street – Louis Henderson – Encore Heureux – Alexandria Eregbu – L’Étincelle – Ming Fai – Florence Fauquet – Kevin Gay – Lucie Jean – Tonika Lewis Johnson – Camille Juthier – Kaoutar Harchi – Smaïl Kanouté – Sébastien Kheroufi – Hada Korera – Kourtrajmé – Joyce Kuoh Moukouri – Yassine Lassar Ramdani – The Living and the Dead Ensemble - Sham Lourenço – Low Lov – Faheem Majeed – Pablo Malek – Native Maqari – Olivier Marboeuf – Randa Maroufi – Rayane Mcirdi – Mehdi Meklat & Badroudine Saïd Abdallah – Nawufal Mohamed – Éloïse Monmirel – Mame Fatou Niang – Josèfa Ntjam – Valentin Noujaïm – Pascale Obolo – Elsie Olarewaju Otinwa – Michel "Meech" Onomo – Sasha Phyars-Burgess – Zahia Rahmani – La Renverse – Laïlani Ridjali – Constance Rivière –Till Roeskens – Simon Rouby – Lucas Roxo – Amine Sabor – Féroz Sahoulamide – Luise Schröder – Francesco Sebregondi – Silina Syan – Dogukan Tür – Seumboy Vrainom :€ – Feda Wardak – Mawena Yehouessi et d'autres <3 – XULY.Bët – Aladine Zaiane


L'exposition « Ce qui est déjà là » est à retrouver dans Moviment, chapitre 5 :

Ici et ailleurs

 Mer 31 mai – Dim 4 juin 2023 

À l’occasion de Moviment, l'exposition « Ce qui est déjà là* » déploie des propositions pour la plupart inédites – projections, conversations, performances – et dont l’ensemble exprime le projet des Ateliers Médicis, engagés pour la création artistique, dans l’expérience et la relation.

 

Ainsi prennent place l’installation d'œuvres de Camille Juthier et de Luise Schröder, des affichages sur un mur comme le début d’une collection d’images, et un plateau avec l’Étincelle, média participatif imaginé par des jeunes de Clichy-sous-Bois et Montfermeil. 

 

Des films, des performances et des conversations rythment chaque journée autour des enjeux identifiés : des « Communautés subies ou choisies » de part et d’autres de l’Atlantique, des « Fières parades » qui enchantent la création artistique, et du droit à « Prendre place » pour les artistes, architectes de nos imaginaires. 

 

Pour Nuit Blanche, l’artiste Aristide Barraud investit la piazza devant le Centre Pompidou et rend hommage aux circulations autant sociologiques que poétiques en adressant, écrite à même le pavé et en grandes lettres, une question : « Mais je serais qui si j’avais grandi ailleurs ? » 

 


* « Ce qui est déjà là » est extrait d’une citation de la Leçon de Clichy de Olivier Marboeuf (Suites décoloniales, 2022) : « Ce qui est déjà là n’a pas le visage connu qui rassure ou la main fraîche qui soulage. Ce qui est déjà là n’est pas une ressource qui attend ses maîtres pour trouver une forme, s’élever vers le ciel du savoir. »