Etude pour "Diagonal Symphony"
[1919]
Etude pour "Diagonal Symphony"
[1919]
Domaine | Dessin |
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Technique | Mine graphite sur papier |
Dimensions | 26 x 20 cm |
Acquisition | Don de M. Marcel Janco, 1966 |
N° d'inventaire | AM 3569 D |
Pas de reproduction
Informations détaillées
Artiste |
Viking Eggeling
(1880, Suède - 1925, Allemagne) |
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Titre principal | Etude pour "Diagonal Symphony" |
Date de création | [1919] |
Domaine | Dessin |
Technique | Mine graphite sur papier |
Dimensions | 26 x 20 cm |
Inscriptions | Non signé, non daté |
Acquisition | Don de M. Marcel Janco, 1966 |
Secteur de collection | Cabinet d'art graphique |
N° d'inventaire | AM 3569 D |
Analyse
La découverte simultanée du cinéma par Viking Eggeling et Hans Richter en 1917 à Zurich est née de l’étude appliquée des surfaces et des lignes : celle-ci constitue pour Eggeling « la basse continue de la peinture » (Generalbass der Malerei), c’est-à-dire une exploration des procédures graphiques et de leurs limites plutôt qu’une extension de la photographie dans la durée. Dans Symphonie diagonale, son unique film réalisé, dont ce crayon est une étude, Eggeling élabore une esthétique dynamique du contrepoint fondée sur une analyse des réactions formelles des éléments les uns par rapport aux autres, réactions qui ne se déterminent pas à partir du point de vue du sujet fini mais de la structure. Richter précise : « Il essaya désormais de découvrir quelles expressions une forme prenait ou pouvait prendre sous diverses influences d’opposés : petit contre gros, lumineux contre obscur, un contre plusieurs, le haut contre le bas, et ainsi de suite. »
Le film d’Eggeling est dessiné en traits noirs sur fond blanc (le film projeté apparaissant donc en traits blancs sur fond noir), à la règle et au compas, puis tourné image par image ; et ce, non pas selon un système d’adjonctions mais, au contraire, de soustractions ; le dessin initial est d’abord achevé et lorsqu’une figure doit disparaître, elle est progressivement recouverte d’un voile blanc. Pour la faire apparaître, l’artiste procède de façon inverse. Après avoir utilisé différents matériaux pour obtenir ces couches opaques, il estime que les plus fonctionnelles sont de grandes feuilles recouvertes d’étain, placées sur le dessin ou retirées de celui-ci selon des mouvements réglés avec précision, sans intervention de la main. Parfois aussi, les figures sont effacées ou dévoilées au moyen de sous- et de surexpositions. Enfin, Symphonie diagonale contient de nombreuses figures inversées : pour les réaliser, plutôt que de les dessiner à nouveau, Eggeling se contente de les exposer dans un miroir, recueillant de la sorte un double parfaitement identique à l’original, sans intervention subjective. Aucun privilège ontologique n’est accordé à la présence : présence et absence caractérisent deux états extrêmes de la figure, qui sont les points d’achèvement d’un processus. Le cinéma n’est plus réfléchissant, il ne reflète rien, il ne raconte rien : il est devenu le simple agencement de contrastes successifs ou simultanés.
Philippe-Alain Michaud
Source :
Extrait du catalogue Collection art graphique - La collection du Centre Pompidou, Musée national d'art moderne, sous la direction de Agnès de la Beaumelle, Paris, Centre Pompidou, 2008