"Six-Pack" Krack-ups III (Linda)
2006
Informations détaillées
Artiste |
Thomas Hirschhorn
(1957, Suisse) |
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Titre principal | "Six-Pack" Krack-ups III (Linda) |
Date de création | 2006 |
Domaine | Dessin | Collage |
Description | Le collage est enveloppé dans une feuille de papier en plastique transparent fermée par des rubans adhésifs. |
Technique | Feutre, stylo-bille, papier et illustrations de magazine découpées et collées sur papier, feuille plastique et rubans adhésifs |
Dimensions | 84,2 x 89 cm |
Inscriptions | Signé, daté, titré au revers, au feutre sur une feuille de papier fixée au ruban adhésif : THOMAS HIRSCHORN / 2006/ "SIX-PACK"/ KRACK-UPS III (LINDA) / (work on paper) |
Acquisition | Achat, 2006 |
Secteur de collection | Cabinet d'art graphique |
N° d'inventaire | AM 2006-807 |
Analyse
D’abord connu pour ses installations démesurées et violentes, qui utilisent les processus du collage, de la fragmentation et de l’accumulation, et répondent par leur choix formel au chaos du monde contemporain, Thomas Hirschhorn formule une critique cinglante de la société de consommation et de la globalisation. Ces dernières années, son « vocabulaire » est constitué de matériaux récurrents : ruban, carton, papier aluminium, miroirs, matières plastiques, bouts de bois. Comme ses installations, qui foisonnent d’informations et d’images – allusions à la philosophie, aux sciences économiques, à la politique, à la poésie et à la culture populaire –, ses collages, dans lesquels il veut « mettre le monde entier », ont à ses yeux le « pouvoir d’impliquer l’autre immédiatement » : ils manifestent une ironie brutale et une franchise intransigeante, un sens de l’excès et de l’urgence qui reflètent sa propre violence. Hirschhorn emprunte aux dadaïstes leur engagement politique, leur efficacité brouillonne et leur humour insolent.
Dans sa série des « Six-Pack » Krack-Ups (2006), dont le titre fait référence à la bière et à des autocollants en forme de faille (les Krack-ups , à coller sur les objets pour faire croire qu’ils sont endommagés), Hirschhorn mélange des images tirées de la publicité, de magazines et de l’Internet, qu’il colle, superpose, macule. Le corps nu d’une femme, plusieurs fois répété, a ici pour fonction d’appâter le regard. Ses hanches et ses lèvres chatoient derrière un réseau labyrinthique dessiné au feutre bleu : cette cartographie cellulaire se fragmente par d’innombrables fissures, dans lesquelles se nichent des images plus petites de guerre et de torture – têtes de soldats blessés, membres d’otages suppliciés –, composant une sorte de puzzle sanguinolent et mouvant de l’horreur, fascinant comme un spectacle sexy, répulsif comme une peau scarifiée. « Je voudrais juxtaposer ce qui ne peut pas être juxtaposé. Je voudrais exprimer les complexités et les contradictions du monde dans un seul collage. » Le sexe et la mort se côtoient, ramenant ainsi l’expérience à un résumé ironique des mécanismes de la vie. Les gribouillages bleus emplissent l’espace comme un déluge de larmes, obligeant le spectateur à subir de plein fouet les excès de l’image.
Anna Hiddleston
Source :
Extrait du catalogue Collection art graphique - La collection du Centre Pompidou, Musée national d'art moderne , sous la direction de Agnès de la Beaumelle, Paris, Centre Pompidou, 2008
Bibliographie
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