J'ai même gardé mes chaussons pour aller à la boulangerie
1993
J'ai même gardé mes chaussons pour aller à la boulangerie
1993
| Domaine | Oeuvre en 3 dimensions | Installation vidéo |
|---|---|
| Technique | 6 moniteurs, 6 socles de tailles différentes, 5 bandes vidéo, PAL, 4/3, couleur, son, ± 4’ (fr.) |
| Dimensions | 1 salle noire de 6m50 x 4m50 |
| Acquisition | Achat de l'Etat, 1993 ; attribution au Centre Pompidou, Musée national d'art moderne/Centre de création industrielle, 2008 |
| N° d'inventaire | AM 2009-473 |
Informations détaillées
| Artiste |
Pierrick Sorin
(1960, France) |
|---|---|
| Titre principal | J'ai même gardé mes chaussons pour aller à la boulangerie |
| Date de création | 1993 |
| Domaine | Oeuvre en 3 dimensions | Installation vidéo |
| Description | Sur un écran central placé à hauteur de regard d’un spectateur supposé assis, on découvre, en gros plan, un personnage -interprété par l’artiste-. Il s’exprime comme pour une interview réalisée dans le cadre d’un reportage. Dans le même temps, sur 5 autres écrans disposés à différentes hauteurs, autour du premier, ce même personnage, de manière ininterrompue, reçoit des livres sur la tête. L’action est déclinée différemment sur chaque écran. Ce dispositif présenté par « la multiplication d’écrans permet peut-être d’élaborer une forme plus proche du fonctionnement réel de la perception et de la pensée ». |
| Technique | 6 moniteurs, 6 socles de tailles différentes, 5 bandes vidéo, PAL, 4/3, couleur, son, ± 4’ (fr.) |
| Dimensions | 1 salle noire de 6m50 x 4m50 |
| Acquisition | Achat de l'Etat, 1993 ; attribution au Centre Pompidou, Musée national d'art moderne/Centre de création industrielle, 2008 |
| Secteur de collection | Nouveaux medias |
| N° d'inventaire | AM 2009-473 |
Analyse
Pierrick Sorin érige la posture de l’adolescent attardé en véritable stratégie artistique : celle de l’Homo ludens jouant avec la technologie de l’Homo faber afin d’exalter ce qui n’en relève pas. La vidéo, pour lui, favorise un burlesque qui résulte de la confrontation traumatisante du quotidien et du médiatique. Tout est fait, dans la démarche de Sorin, pour solliciter la complicité du spectateur : l’intimité, la banalité, le rire, l’enfance sont des thèmes fédérateurs dont l’artiste use dans ses « autofilmages ». En créant des dispositifs dont il est à la fois l’auteur, le spectateur et le sujet, il nous entraîne dans une ronde schizophrène jusqu’à provoquer l’excitante et désagréable sensation du voyeurisme de notre propre existence. « J’ai des problèmes, j’sais pas exactement pourquoi. Mais j’ai pas tellement envie d’en parler… Et puis aussi des fois j’regarde la télé et puis j’me dis que je pourrais lire un livre… mais j’ai du mal… », nous confesse-t-il dans J’ai même gardé mes chaussons pour aller à la boulangerie, pendant qu’il se fait assommer par des chutes de livres répétitives. Dans cette installation, la nostalgie d’une époque révolue, celle de l’enfance, sous-tendue par la mauvaise conscience et l’échec, se dissimule derrière les sarcasmes de l’autodérision. Tout l’art de Pierrick Sorin se résume à cette partie de cache-cache : celle qui, jusqu’au cœur de son dispositif, vient remettre en cause la légitimité d’une pratique artistique en convoquant un quotidien désublimant.
Gallien Dejean
Source :
Extrait du catalogue Collection art contemporain - La collection du Centre Pompidou, Musée national d'art moderne , sous la direction de Sophie Duplaix, Paris, Centre Pompidou, 2007
Bibliographie
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