Dessin de déprogrammation
18 février 1995

Dessin de déprogrammation
18 février 1995
Domaine | Dessin |
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Technique | Aquarelle et encre sur papier |
Dimensions | 30,9 x 40,9 cm |
Acquisition | Achat, 1995 |
N° d'inventaire | AM 1995-343 |
Informations détaillées
Artiste |
Hucleux (Jean Julien Olivier, dit)
(1923, France - 2012, France) |
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Titre principal | Dessin de déprogrammation |
Date de création | 18 février 1995 |
Domaine | Dessin |
Technique | Aquarelle et encre sur papier |
Dimensions | 30,9 x 40,9 cm |
Inscriptions | S.D.EN B.G. : HUCLEUX/18.2.95 |
Acquisition | Achat, 1995 |
Secteur de collection | Cabinet d'art graphique |
N° d'inventaire | AM 1995-343 |
Analyse
Artiste singulier, révélé lors de la Documenta V de Cassel en 1972, Jean-Olivier Hucleux est un autodidacte. Ce retoucheur photo poursuit une œuvre hors des sentiers battus, entre recherche ésotérique et réalisme métaphysique. Après les Cimetières (1971-1976), série peinte réalisée à partir de projections photographiques, il entame en 1985 un ensemble de dessins exécutés à la mine graphite, et oscille, à partir de 1987, entre des portraits à la présence troublante et une série de dessins mystérieusement intitulés Dessins de déprogrammation . Ces derniers affirment leur opacité énigmatique : plans, symboles, chiffres et textes à l’écriture spéculaire évoquent les feuilles des codex de Léonard de Vinci et décrivent un pseudo-projet crypté. Ils affichent une fantaisie hermétique et opèrent un relâchement libératoire, avant le retour à l’élaboration lente et minutieuse des portraits qu’Hucleux exécute en alternance.
Le Portrait de Piet Mondrian , qui s’inscrit dans une série de portraits d’artistes et de personnalités du xx e siècle, pourrait être pris pour une photographie, tant l’effet de réel est saisissant. Le dessin à la mine graphite a été réalisé d’après un célèbre cliché du peintre abstrait dans son atelier pris par Rogi André (1905-1970). Le puissant agrandissement à taille humaine, la densité minutieuse de chaque détail et la parfaite maîtrise graphique, qui requiert une concentration ascétique, confèrent à l’œuvre une intensité illusionniste déroutante. Cette figuration radicalement froide et neutre proposée par Hucleux ne se donne pas d’autre justification qu’elle-même : rapidement considérée comme hyperréaliste ou conceptuelle, elle ne relève en réalité d’aucune de ces catégories, imposant une forme qui affirme sa fonction purement mimétique, délivrée des ajouts interprétatifs et des notes expressives. En reprenant l’expression de Barthes, qui, dans son premier essai, Le Degré zéro de l’écriture (1953), définissait le minimalisme stylistique du nouveau roman comme une « écriture transparente », on pourrait qualifier l’art de Jean-Olivier Hucleux de « figuration trans-parente ». C’est le mystère de l’image, où tout effet de couleur, de style ou de vie a disparu, qui est donné à voir. Mine graphite, silence et patience sont les outils de cet alchimiste, qui spécule ironiquement sur les clichés attachés à l’« image ».
Isabelle Limousin
Source :
Extrait du catalogue Collection art graphique - La collection du Centre Pompidou, Musée national d'art moderne , sous la direction de Agnès de la Beaumelle, Paris, Centre Pompidou, 2008
De la/du même artiste
Bibliographie
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Collection art graphique : [Catalogue de] La collection du Centre Pompidou, Musée national d''art moderne - Centre de création industrielle, (Sous la dir. d''Agnès de la Beaumelle).- Paris : Editions du Centre Pompidou, 2008 (cit. et reprod. coul. p. 486) . N° isbn 978-2-84426-371-1
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