Sans titre (V 120)
1960
Sans titre (V 120)
1960
Domaine | Dessin |
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Technique | Peinture vinylique sur papier |
Dimensions | 51 x 26,4 cm |
Acquisition | Don de l'artiste, 2003 |
N° d'inventaire | AM 2003-416 |
Informations détaillées
Artiste |
Aurelie Nemours
(1910, France - 2005, France) |
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Titre principal | Sans titre (V 120) |
Date de création | 1960 |
Domaine | Dessin |
Technique | Peinture vinylique sur papier |
Dimensions | 51 x 26,4 cm |
Inscriptions | Au revers : T.H.MIL. : Sans titre |
Acquisition | Don de l'artiste, 2003 |
Secteur de collection | Cabinet d'art graphique |
N° d'inventaire | AM 2003-416 |
Analyse
L’ample donation récemment concédée par Aurelie Nemours porte la collection du Centre Pompidou à un peu plus de 160 œuvres sur papier (pastels, gouaches, encres, peintures vinyliques). Elle révèle une part volontairement occultée de sa production, dont on connaissait surtout l’ensemble des pastels des Demeures, réalisé entre 1953 et 1959. Réduites aux seuls noir et blanc, les Demeures sont des compositions fondées sur la grille orthogonale et sur le « couple cosmique » (selon l’expression de l’artiste) constitué par la verticale et l’horizontale, mais aussi sur le carré, respectivement considérés comme la structure et la forme élémentaire de l’univers. Le réductionnisme de Nemours s’apparente à celui du néoplasticisme de Mondrian et du suprématisme de Malevitch ; comme ses grands devanciers, l’artiste cherche à exprimer l’essence du monde et les lois de la création, dont elle voudrait livrer le chiffre visuel. Réalisée peu après les pastels des Demeures, la peinture vinylique Sans titre (1960) réunit ce double héritage – le carré du suprématisme et la triade des couleurs primaires du néoplasticisme – en une composition blasonnante qui s’offre comme support de méditation sur l’origine du monde et les lois fondamentales du cosmos.
À partir des années 1960, l’œuvre sur papier – pour l’essentiel des peintures au vinyle – offre les mêmes dispositifs que les principales séries sur toiles, sans en constituer pour autant des études. Les Échiquiers, des années 1970, reprennent la structure de la grille sous sa forme la plus régulière : un damier orthogonal, dans lequel interagissent des couleurs choisies et disposées arbitrairement. La fluctuation du phénomène chromatique s’y donne à lire en étroite dépendance avec les constantes organisatrices de la réalité visible. Le noir et le blanc sont encore présents en tant que résumés alternativement négatifs et positifs de la couleur, et comme forces d’engendrement de la diversité colorée du monde. La série Nombre et hasard, des années 1990, revient à la source des Demeures et se cantonne au conflit de la clarté et de l’obscurité, de l’ordre et du désordre. Leur composition d’apparence chaotique dissimule une grille matricielle, occupée par des blocs blancs ou noirs qui définissent des zones de réserve aux contours irréguliers, bien que toujours orthogonaux. Les lois du hasard et celles d’une numérologie complexe, idiosyncrasique, entrent désormais en concurrence pour tenir à distance l’intuition et l’inspiration, restées jusque-là guides privilégiés du processus créateur chez Nemours. Comme le souligne Anne Tronche, celui-ci relève toujours « d’une construction cachée, par conséquent moins destinée au regard qu’à la pensée » : tout l’œuvre sur papier de Nemours est en réalité l’émergence jaillissante d’une pensée visuelle.
Arnauld Pierre
Source :
Extrait du catalogue Collection art graphique - La collection du Centre Pompidou, Musée national d'art moderne, sous la direction de Agnès de la Beaumelle, Paris, Centre Pompidou, 2008
Bibliographie
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