Masque
1923

Masque
1923
" Nous cherchions le moyen d'utiliser le vide et de nous libérer de la masse compacte. " (Pevsner)
Contemporain de l'installation définitive d'Antoine Pevsner à Paris, ce masque est un témoignage remarquable de ses assemblages inspirés par le cubisme analytique et constitués de matériaux novateurs. Fruit des recherches de l'artiste sur la figure, cette sculpture sans socle manifeste aussi l'influence des masques africains. Les plans translucides du celluloïd, souvent doublés de feuilles de zinc, multiplient les propriétés optiques et conceptuelles de cette œuvre.
Domaine | Sculpture |
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Technique | Celluloïd et zinc |
Dimensions | 33 x 20 x 20 cm |
Acquisition | Achat de l'Etat, 1974 |
N° d'inventaire | AM 1974-24 |
Informations détaillées
Artiste |
Antoine Pevsner
(1884, Empire Russe - 1962, France) |
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Titre principal | Masque |
Date de création | 1923 |
Domaine | Sculpture |
Technique | Celluloïd et zinc |
Dimensions | 33 x 20 x 20 cm |
Inscriptions | MO.M.B. : A. / P. |
Acquisition | Achat de l'Etat, 1974 |
Secteur de collection | Arts Plastiques - Moderne |
N° d'inventaire | AM 1974-24 |
Analyse
L’acquisition de cette œuvre, issue de la collection Christian Zervos, permet de représenter une période très importante dans l’évolution de l’artiste : le passage de la peinture ( Femme déguisée , 1913, AM 4243 P) à la sculpture, par le biais des constructions de matière plastique et de métal, en droite ligne des constructions cubistes. Le Manifeste réaliste , que Pevsner rédige et cosigne avec son frère Naum Gabo, en 1920 à Moscou, affirme leur « conception de l’espace et du temps », et explique, comme il le dit dans un entretien accordé à la revue L’Œil (no 23, novembre 1956), leur démarche consistant à « utiliser le vide [afin de se] libérer de la masse compacte ». Si Gabo continue à travailler le plastique, et plus particulièrement le Celluloïd, dont il exploite la transparence et les ressources qu’il engendre, Pevsner trouvera grâce au métal de nouvelles formes d’expression.
La rareté et la fragilité des œuvres de Pevsner réalisées en Celluloïd rendent très précieux les quelques exemples conservés, comme le tableau-relief de Maquette , réalisé à Berlin en 1923 (AM 4000 S), la Tête de femme de 1923 (Washington, Hirshhorn Museum and Sculpture Garden), le Portrait de Marcel Duchamp de 1926 (New Haven, Yale University Art Gallery). Ce Masque (cat. rais. n o 9), exécuté en 1923, date de son installation définitive à Paris, relève de sa période d’« abstraction figurative » (1920-1927), selon la typologie proposée par Jean-Claude Marcadé (cat. exp., Paris, 2001, op. cit. , p. 30). Fruit des recherches de Pevsner sur la figure, cette œuvre sans socle évoque également la prégnance des masques africains sur sa création. Elle constitue aussi, comme l’a relevé William Rubin, « un équivalent sculptural du cubisme analytique de 1910-1911 » ( Le Primitivisme dans l’art du 20 e siècle , Paris, Flammarion, 1987, p. 310), dans la mesure où ses plans translucides s’inspirent du modèle de la fameuse Guitare en tôle (1912, New York, MoMA) de Picasso, elle-même dérivée d’un masque Grebo africain. La combinaison de Celluloïd et de zinc – presque toutes les plaques de Celluloïd sont doublées d’une feuille de zinc de mêmes dimensions et de même forme – multiplie les propriétés optiques et conceptuelles du masque du Musée.
Si le catalogue raisonné situe cette œuvre « vers 1924 », le Musée a préféré, lui, conserver la datation de 1923, indiquée sur le panneau en contreplaqué, aujourd’hui disparu, sur lequel elle était originellement montée.
Doïna Lemny
Source :
Extrait du catalogue Collection art moderne - La collection du Centre Pompidou, Musée national d’art moderne , sous la direction de Brigitte Leal, Paris, Centre Pompidou, 2007