Feu vert
[1960]

Feu vert
[1960]
Domaine | Dessin |
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Technique | Encres de couleur sur papier collé sur toile |
Dimensions | 184,5 x 425,5 cm |
Acquisition | Don de M. Pierre Matisse, 1965 |
N° d'inventaire | AM 3390 D |
Informations détaillées
Artiste |
Jean Paul Riopelle
(1923, Canada - 2002, Canada) |
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Titre principal | Feu vert |
Ancien titre | Water-wonderful land |
Date de création | [1960] |
Domaine | Dessin |
Technique | Encres de couleur sur papier collé sur toile |
Dimensions | 184,5 x 425,5 cm |
Inscriptions | Non signé, non daté |
Acquisition | Don de M. Pierre Matisse, 1965 |
Secteur de collection | Cabinet d'art graphique |
N° d'inventaire | AM 3390 D |
Analyse
Jean-Paul Riopelle, qui s’installe définitivement à Paris en 1947, après avoir fondé, avec Borduas, Leduc, Mousseau, Barbeau et Gauvreau, à Montréal en 1945, le groupe des « Automatistes », participe à l’importante exposition « Véhémences confrontées », présentée par Michel Tapié en mars 1951 à la galerie Nina Dausset. L’événement marque une étape essentielle dans la définition du mouvement de l’« abstraction lyrique » : il s’agit de la première confrontation parisienne d’œuvres d’artistes européens et américains – Pollock, Rothko, Bryen, Hartung, Mathieu, Wols, De Kooning, Tobey et Sam Francis, ami très proche de Riopelle.
Peintre gestuel et physique, abstrait et lyrique, héritier, comme bien d’autres Américains, de l’automatisme surréaliste, Riopelle reste dégagé de toute convention. Au milieu des années 1950, il abandonne la peinture au couteau mise en œuvre dans les Mosaïques multicolores, constructions serrées, harmonieuses et ordonnées, pour se consacrer à une peinture plus gestuelle et violente, et à la pratique du dessin sur de grands formats – évolution due, selon l’analyse du critique américain Clement Greenberg en 1957, à l’influence des Nymphéas de Monet, œuvre qui semble marquer également la peinture de sa compagne Joan Mitchell.
Dans Feu vert, encre aux dimensions exceptionnelles, l’artiste applique sur le papier de larges traces d’encre noire – une écriture proche de la calligraphie – qui viennent recouvrir tout le tissu pictural, désormais ouvert et aéré. Celui-ci est constitué de plages d’encres de couleur, oscillant du pourpre et de l’écarlate au jaune vif, et strié très régulièrement d’une trame verticale de filaments noirs ténus, qui sont des coulées d’encre. L’espace panoramique vibre d’un double rythme naturel, solaire et aquatique : s’y impriment les souvenirs de l’immense nature québécoise – forêts, lacs, rivières – et, plus précisément, le flux violent d’une chute d’eau et l’embrasement de l’automne canadien.
Véritables « peintures murales » d’une liberté d’invention certaine, les grandes compositions à l’encre de Riopelle sont montrées à Paris en 1960 à la galerie Kléber dirigée par Jean Fournier et accompagnées d’un catalogue préfacé par Pierre Schneider.
Claude Laugier
Source :
Extrait du catalogue Collection art graphique - La collection du Centre Pompidou, Musée national d'art moderne, sous la direction de Agnès de la Beaumelle, Paris, Centre Pompidou, 2008