Pays barbare

Pays barbare
de Yervant Gianikian & Angela Ricci Lucchi
Italie-France, 2013, 63’, coul., mus. (Keith Ullrich), voix-over (Giovanna Marini)
Format d’origine : 16 mm
Format de projection : DCP

Sélectionné au 67ème festival de Locarno, 2014
Prix du Jury au Festival International de Murcia (IBAFF) 2014

Partant des interrogations soulevées par Du Pôle à l’Équateur et Le Miroir de Diane, Pays barbare opère un retour sur les images du fascisme et du regard colonial. La foule sert d’abord de fil directeur : celle qui entoure le cadavre du Duce à Milan est-elle la même qui, quelques années plus tôt, salue sa marche sur Tripoli ? Puis nous entrons dans un voyage au cœur des images de ce pays barbare, de son carnaval à ses colonies, de ses guerres à ses chimères, avec au ventre le malaise et l’inquiétude. Par l’intelligence de son montage et le somptueux chant de Giovanna Marini, les images donnent ainsi à entendre leur propre langage : celui, zoologique et malsain, portés sur les colonisés (que l’on retrouve dans Images d’Orient – Tourisme vandale) et celui, fasciné, envers le pouvoir et les machines, synonymes de « progrès ».

« Déchirures, brûlures, griffures, comme si la pellicule était imprégnée de leur violence constitutive, ces images livraient comme en une soudaine révélation la signification de l’entreprise colonisatrice de l’Italie fasciste, comme dans un singulier raccourci avec un présent qui en est à leurs yeux indissociable, car l’histoire naturelle de la violence ne laisse jamais rien totalement derrière elle : ‘‘Le racisme se répand’’. »
Jean-Pierre Cometti, « Pièces à conviction », texte inédit, paru dans Notre caméra analytique publié chez Post-Éditions, septembre 2015.