Selfportrait (Autoportrait)
1970
Selfportrait
(Autoportrait)
1970
In 1970, Urs Lüthi raised the question of sexual identity by means of the self-portrait, inaugurating a highly distinctive body of work disconcerting in its formal freedom by seeking, in theatrical and provocative ways, to rehearse the attitudes of the feminine body. In Selfportrait (1970), he presents himself reclining on a sofa in a posture sanctified as feminine by artistic tradition, recalling that of Madame Récamier in Jacques-Louis David’s painting. Surmounted by a long pointed projection, the cap he wears introduces a disturbing element that clashes with the pose and highlights, in almost farcical style, the force of social determination.
Domain | Photo |
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Techniques | Emulsion gélatino-argentique sur toile |
Dimensions | 158 x 200 cm |
Acquisition | Achat, 2003 |
Inventory no. | AM 2003-256 |
Detailed description
Artist |
Urs Lüthi
(1947, Suisse) |
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Main title | Selfportrait (Autoportrait) |
Title given | Autoportrait au bonnet |
Creation date | 1970 |
Domain | Photo |
Techniques | Emulsion gélatino-argentique sur toile |
Dimensions | 158 x 200 cm |
Printing | Exemplaire unique |
Inscriptions | T.S.D.R.H sur retour de toile : "Selfportrait" Urs Luthi 1970 |
Acquisition | Achat, 2003 |
Collection area | Cabinet de la photographie |
Inventory no. | AM 2003-256 |
Analysis
C’est en 1970 que le jeune Urs Lüthi énonce clairement la question de l’identité à travers l’autoportrait, inaugurant un travail singulier – au-delà du Body Art, auquel il fut un temps assimilé – et déroutant par sa liberté formelle sans concession. Les autoportraits des années 1970 (le plus souvent des reports photographiques sur toile comportant un ou plusieurs panneaux) déclinent l’image de l’artiste endossant tour à tour, seul ou parfois accompagné d’un « double » féminin, la figure de l’être souffrant, du rêveur, du clown, de l’innocent ou de l’impudique. Associées à des images de paysages incertains ou d’intérieurs chargés d’histoires personnelles dont la clé n’est pas livrée, ces variations autour de l’artiste, entre narcissisme et parodie, créent une disjonction génératrice de tension psychique et émotionnelle. L’identité sexuelle, thème récurrent, est abordée tantôt sur le mode de la provocation et du travestissement, tantôt à travers la nostalgie d’un corps féminin, dont l’artiste cherche, comme par tâtonnements, à retrouver les poses. Dans Selfportrait (1970), Urs Lüthi se présente à demi-allongé sur un canapé, dans une posture qui évoque une certaine tradition de la représentation féminine, celle du tableau de David, Madame Récamier , par exemple. Le bonnet surmonté d’une pointe, dont l’artiste est affublé, apporte un élément perturbateur qui contredit la pose et vient souligner, de façon presque bouffonne, la force des déterminismes. Lui fera écho une sculpture grandeur nature de 2001, de la série « Placebos & Surrogates », dans laquelle l’artiste, reprenant sensiblement la même posture mais assumant un physique moins avenant, ravivera de façon grinçante l’autoreprésentation, toujours comprise comme le miroir de l’« autre », de ses faiblesses et de ses contradictions.
Sophie Duplaix
Source :
Extrait du catalogue Collection art contemporain - La collection du Centre Pompidou, Musée national d'art moderne , sous la direction de Sophie Duplaix, Paris, Centre Pompidou, 2007