ManiFeste

En 2026, l’Ircam et son Espace de projection sont ouverts pour incarner l’utopie originelle du plateau Beaubourg : la pluridisciplinarité en actes, irréductible aux normes et aux habitudes contemporaines. C’est ainsi que l’artiste anglais Anthony McCall, soutenu par le Musée national d’art moderne, propose quatre sculptures verticales de lumière à l’Ircam. Cette installation croise la vocalité virtuose du SWR VokalEnsemble de Stuttgart, la musique électronique et la musique mixte.

Du côté des figures « modernes », deux solitaires nés il y a cent ans, Morton Feldman au plus proche de la peinture et György Kurtág, au plus proche de la poésie : Coptic Light et Rothko Chapel de Feldman opèrent une révolution de la perception du son et de sa durée. Les Messages de feu Demoiselle Troussova de Kurtág renouvellent l’expressivité musicale par le sens unique de l’aphorisme vocal. Du côté des contemporains, Claudia Jane Scroccaro et Zeynep Toraman, Sarah Nemtsov et Stefano Gervasoni seront joués par des interprètes d’exception, comme la violoniste Patricia Kopatchinskaïa, les ensembles Intercontemporain, Ulysses et Contrechamps, l’Orchestre Philharmonique de Radio France.

Deux manières d’être au monde, deux attitudes antagonistes, polarisent les scènes de ManiFeste-2026 : la fureur activiste (Christiane Jatahy, Wim VandeKeybus, les concerts Electro-Odyssée, Le Décameron de Matteo Franceschini) ou le retrait stratégique (Morton Feldman, Justé Janulyte, Kali Malone). L’art de l’engagement et la beauté du détachement, déflagrations et concentration. Pour reprendre l’expression parfaite d’André Breton, une « Explosante-fixe », le temps d’un festival.