Exposition / Musée
Prix Marcel Duchamp 2016
Les Nommés
12 oct. 2016 - 30 janv. 2017
L'événement est terminé
Le Centre Pompidou invite, pour la première fois, les quatre finalistes du Prix Marcel Duchamp à exposer dans ses espaces : en 2016, Kader Attia, Yto Barrada, Ulla von Brandenburg et Barthélémy Toguo. Avec cette présentation collective, l’ADIAF et le Centre Pompidou donnent au prix Marcel Duchamp un nouvel élan. Cette formule permet aux artistes nommés d’exposer – parfois pour la première fois au Centre Pompidou et donne l’occasion au public le plus large de découvrir leur travail. Cette première exposition commune fait saillir les sujets et démarches partagés : regard porté sur l’actualité, approche anthropologique, attrait du rituel, etc. Chaque année, un conservateur du Musée national d’art moderne sera associé à la conception de ce projet collectif.
Quand
11h - 21h, tous les jours sauf mardis
Où
Yto Barrada : Le goût de la magie
« Je m’intéresse à la figure complexe de Thérèse Rivière, une scientifique française qui a accompli des missions pour le compte du musée de l’homme, notamment en Afrique du Nord d’où elle a rapporté un ensemble impressionnant d’objets et d’images, avant d’être internée pour agitation et mélancolie. La force poétique de ses travaux et trouvailles (fleurs sauvages, collection de jouets, dessins…) et son goût de la magie traversent l’élaboration d’une pièce que j’envisage comme un rébus. L’installation que je prépare prendra une forme nouvelle pour moi, tout en réunissant nombre de mes préoccupations habituelles : l’esprit de jeu, le déplacement, l’enfance, les arts populaires… Je cherche une forme biographique. Je me propose de réaliser un set décor de 1938 : la reconstitution magique d’une chambre de jeune femme employée du musée d’ethnographie du Trocadéro (MET) qui vit chez sa mère et qui suit les cours de Marcel Mauss, fondateur de l’ethnologie française. Le décor de la chambre s’inspire dans son exécution des ‹ unités écologiques › chères aux musées ethnographiques de l’après-guerre. Les unités écologiques sont des ensembles complexes prélevés sur le terrain à l’occasion d’enquêtes-collectes et remontés à l’identique au sein de la galerie. Un de leurs principaux théoriciens fut Georges-Henri Rivière, le ‹ magicien des vitrines ›, muséographe et fondateur des ATP (musée des Arts et traditions populaires de Paris), par ailleurs grand frère de Thérèse… »
Yto Barrada
Source :
in Code Couleur, n°26, septembre-décembre 2016, pp. 24-27.
Ulla von Brandenburg : En couleur
« Pour regarder It Has a Golden Sun and an Elderly Grey Moon, le public est invité à gravir un escalier qui est aussi une plateforme architecturale immaculée. L’exposition au Centre Pompidou présente ce film pour la première fois en France et permet de déployer une nouvelle proposition scénographique. Le film est un plan-séquence en super-16-mm, mis bout à bout, sans montage effectif, qui rassemble des danseurs et des compagnons de travail depuis des années. L’idée était d’abord de faire un film en couleur sur la couleur. Les danseurs manipulent des tissus qui font l’objet d’échanges et de cérémonies. Leurs costumes sont teints, fabriqués littéralement avec la couleur. Leurs mouvements rappellent la mémoire de rituels anciens, leurs corps sont traversés par des rythmiques instinctives, emportés dans un état de conscience collectif, rappelant les formes chorégraphiques de l’eurythmie et de la danse moderne expressionniste. »
Ulla von Brandenburg
Source :
in Code Couleur, n°26, septembre-décembre 2016, pp. 24-27.
Barthélémy Toguo : Vaincre le virus !
« Je conçois une installation pour célébrer la recherche intense menée pour combattre deux fléaux, deux virus qui menacent actuellement l’Afrique et le monde entier : le sida et Ebola. Je voulais rendre hommage aux scientifiques qui s’y consacrent. Dans un premier temps, j’ai effectué un séjour dans les laboratoires de recherche de l’Institut Pasteur et leur relais de Dakar pour les rencontrer, m’inspirer de leurs travaux en cours. J’ai créé un ensemble de dix-huit très grands vases en porcelaine ornés de dessins. Ils représentent pour moi le réceptacle emblématique de l’eau, purificatrice et régénératrice lorsqu’elle est pure et saine, mais source de dangers lorsqu’elle est polluée, contaminée. Je suis parti de modèles de cellules infectées et de quelques virus que j’ai transformés par le biais de nouvelles techniques d’impression en 3D dont le caractère novateur fait écho à la démarche des chercheurs. Surdimensionnées de sorte à transcender le réel, ces formes mutées encouragent et célèbrent le courage, l’énergie et la beauté de la recherche. »
Barthélémy Toguo
Source :
in Code Couleur, n°26, septembre-décembre 2016, pp. 24-27.
Kader Attia : « Un rapport précis et intime avec le spectateur »
« La nouvelle formule du prix Marcel Duchamp est une innovation qui offre à chaque artiste nominé la chance de présenter son travail à un public très large. Le Centre Pompidou accueille un public venu de tous les horizons, auquel il nous est permis d’adresser un propos émotionnel, politique, poétique à travers une proposition personnelle. La superficie de 100 à 120 m2 dévolue à chacun d’entre nous incite à densifier l’essentiel du propos, de sa poésie, et à développer un rapport précis et intime avec le spectateur. Un espace où nous n’avons pas droit à l’erreur, sauf si l’erreur fait partie du scénario, et avec l’Art tout est possible… Qui plus est lorsqu’il est mis en dialogue avec d’autres histoires, d’autres ‹ bibliothèques › que sont les artistes sélectionnés pour ce prix, comme ceux qui font de ce musée une incontournable agora de murmures, de paroles libres ! Les synergies qui s’en dégagent donnent au spectateur à penser l’art contemporain dans sa raison d’être ré-génératrice : la recherche et l’incertitude, à la lumière des découvertes artistiques. Il faut redonner à l’Art toute sa dimension complexe, absolue et inattendue, loin de la cacophonie annihilante de notre monde saturé de faux désirs et de certitudes… »
Kader Attia
Source :
in Code Couleur, n°26, septembre-décembre 2016, pp. 24-27.