Baigneuse
[1907 - 1909]

Baigneuse
[1907 - 1909]
Domaine | Dessin |
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Technique | Mine graphite sur papier |
Dimensions | 65 x 50 cm |
Acquisition | Achat, 2008 |
N° d'inventaire | AM 2008-112 |
Informations détaillées
Artiste |
André Derain
(1880, France - 1954, France) |
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Titre principal | Baigneuse |
Date de création | [1907 - 1909] |
Domaine | Dessin |
Technique | Mine graphite sur papier |
Dimensions | 65 x 50 cm |
Inscriptions | Non daté, signé en bas à droite : a derain |
Acquisition | Achat, 2008 |
Secteur de collection | Cabinet d'art graphique |
N° d'inventaire | AM 2008-112 |
Analyse
Le nu sculptural qui vient d’entrer dans la collection est un dessin inédit ayant appartenu au grand collectionneur Charles Petiet. Il doit être rapproché d’une feuille de facture et de dimensions voisines conservée au musée d’Art moderne de Troyes, et datée des années 1907-1910 : ces deux études de nus au bras levé sont manifestement en rapport tout à la fois avec la sculpture Nu debout (1907, MNAM) et avec le cycle ambitieux des peintures de la série des Baigneuses, dont les trois grandes versions ont été travaillées entre 1907 et 1909.
Dans le dessin de Troyes, Derain opère une juxtaposition, préfigurant certains procédés picassiens, entre une vue de dos et une vue de profil : toute la partie droite décrit un dos puissant, musculeux, alors que la partie gauche accole à ce dos presque androgyne le profil d’un sein et d’un ventre clairement féminins. Au contraire, vue de face, la baigneuse du Musée est traitée sur un mode entièrement voluptueux, toute en courbes doucement modelées par le travail du crayon, offrant au regard non sans provocation ses seins ronds, et ses cuisses légèrement écartées, la plénitude charnelle de son corps.
Peintes, sculptées ou dessinées, toutes ces figures ont cependant en commun une monumentalité de caryatide primitive, celle-là même que recherchait Derain aussi bien chez Cézanne (dont une gravure d’après une composition de Baigneuses trônait en bonne place dans son atelier pendant ces années 1907-1908) et Gauguin, que dans son intérêt avéré et précoce pour l’art océanien, la sculpture africaine, ou les chapiteaux romans.
Sculpté par la subtile modulation de la lumière et de l’ombre, le nu dessiné émerge du rectangle de la feuille de papier avec la même densité, la même efficacité que le Nu debout taillé dans un bloc de calcaire : leur dialogue permettra d’éclairer cette question cruciale du passage du plan au volume qui préoccupait tant, en 1907, Derain et ses amis Picasso, Braque et Matisse.
Isabelle Monod-Fontaine
Source :
Extrait du catalogue Collection art graphique - La collection du Centre Pompidou, Musée national d'art moderne, sous la direction de Agnès de la Beaumelle, Paris, Centre Pompidou, 2008