Maquette du menu pour "faim du cnack-wuerstchen"
1976
Maquette du menu pour "faim du cnack-wuerstchen"
1976
Domaine | Dessin |
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Technique | Collage de papiers d'emballage sur carton |
Dimensions | 40 x 59,5 cm |
Acquisition | Don de l'artiste, 1986 |
N° d'inventaire | AM 1986-256 |
Informations détaillées
Artiste |
Daniel Spoerri
(1930, Royaume de Roumanie) |
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Titre principal | Maquette du menu pour "faim du cnack-wuerstchen" |
Date de création | 1976 |
Domaine | Dessin |
Technique | Collage de papiers d'emballage sur carton |
Dimensions | 40 x 59,5 cm |
Inscriptions | Non signé, non daté |
Acquisition | Don de l'artiste, 1986 |
Secteur de collection | Cabinet d'art graphique |
N° d'inventaire | AM 1986-256 |
Analyse
Comme les « tableaux-pièges » inventés en 1960 et dont Daniel Spoerri déclinera les multiples modalités, les collages qu’il réalise à partir de l’accumulation de papiers d’emballage relèvent tout à la fois d’une poétique du quotidien le plus trivial et d’une fascination morbide pour une réalité devenue simple « reste ». Après la récupération de vieilles ferrailles rouillées qu’il fixe sur des supports pour Jean Tinguely, celle des étiquettes de papier usagées qu’il assemblera pour les afficher le rapproche des Nouveaux Réalistes : de fait, Spoerri s’est joint aux membres du groupe créé par Pierre Restany – Arman, Villeglé, Hains – dès la fondation de celui-ci, et expose à leurs côtés ses premiers « tableaux-pièges » au Festival d’art d’avant-garde, en septembre 1960 à Paris.
Ce collage d’étiquettes de diverses denrées alimentaires – biscuits, fromages, confiseries, riz, soupe – constitue la maquette du menu du dîner qui eut lieu le 2 juin 1976 à l’occasion du déménagement du Centre national d’art contemporain dans le futur Centre Pompidou : Spoerri, à qui est confiée la conception du banquet, le baptise la « Faim du CNACK-wuerstchen », jouant sur l’homonymie des mots « faim » et « fin ». La carte énumère 186 denrées homonymes ou homophones sous la forme d’un inventaire absurde intitulé Notes pour le menu culturel homophone en hommage refusé au sigisbée de la critique par D.S. etc. Y sont multipliés les jeux de mots à la manière de Raymond Hains, comme ce fut le cas lors du repas donné précisément à l’occasion de L’Hommage à Raymond Hains, en 1963 à la galerie J à Paris. Quoique tardif, ce petit collage est exemplaire du projet de Spoerri : au-delà de la dénonciation d’une société de consommation devenue gloutonne, c’est une critique de la relique et de l’accumulation conservatoire qui est mise en œuvre.
La création des banquets et des repas – véritables happenings générant autant d’œuvres d’art – est omniprésente dans la démarche de l’artiste. Après son premier « tableau-piège » en 1960 – qui est un « relief » de repas exposé à la verticale –, il transforme en restaurant la galerie J à Paris, puis celle de Bischofberger, à Zurich, ouvre son propre restaurant à Düsseldorf, s’affirmant ainsi l’initiateur de ce qu’il nommera le « Eat Art » en 1970. La même année, il conçoit pour le dixième anniversaire des Nouveaux Réalistes à Milan le banquet qu’il intitule L’Ultima Cena : la faim de l’art ou la fin de l’art, encore une fois.
Alice Fleury
Source :
Extrait du catalogue Collection art graphique - La collection du Centre Pompidou, Musée national d'art moderne, sous la direction de Agnès de la Beaumelle, Paris, Centre Pompidou, 2008