L'oeil cacodylate
1921
L'oeil cacodylate
1921
« Dans le salon, il y avait une grande toile couverte de phrases et de signatures laissées par les visiteurs. Des pots de peinture jonchaient le plancher ; Il m’invita à signer. » se souvient Man Ray
En mars 1921, atteint d’un zona ophtalmique qui lui inspire plusieurs œuvres, Picabia peint un œil unique autour duquel il invite ses amis à inscrire une phrase de leur choix ; man ray, Marcel Duchamp ou Jean Cocteau figurent parmi les signataires de cette œuvre collective qui remet en question l’idée d’artiste et de chef-d’œuvre. Présentée au salon d’Automne, l’oeuvre rejoint ensuite le cabaret du Bœuf sur le toit où se retrouvaient régulièrement les dadaïstes.
Domaine | Peinture |
---|---|
Technique | Huile sur toile et collage de photographies, cartes postales, papiers divers découpés |
Dimensions | 148,6 x 117,4 cm |
Acquisition | Achat en hommage au temps du Boeuf sur le Toit, 1967 |
N° d'inventaire | AM 4408 P |
En salle :
Musée - Niveau 5 - Salle 20 : Dada
Informations détaillées
Artiste |
Francis Picabia (Francis Martinez de Picabia, dit)
(1879, France - 1953, France) |
---|---|
Titre principal | L'oeil cacodylate |
Date de création | 1921 |
Domaine | Peinture |
Technique | Huile sur toile et collage de photographies, cartes postales, papiers divers découpés |
Dimensions | 148,6 x 117,4 cm |
Inscriptions | S.D.B.G. : FRANCIS PICABIA / 1921 |
Acquisition | Achat en hommage au temps du Boeuf sur le Toit, 1967 |
Secteur de collection | Arts Plastiques - Moderne |
N° d'inventaire | AM 4408 P |
Analyse
En mars 1921, Francis Picabia est affecté d’un zona ophtalmique qui l’obsède au point de lui inspirer plusieurs tableaux aux sujets « oculaires ». L’Œil cacodylate (cat. rais. n o 279) commence par être un œil surdimensionné peint sur une toile vierge sur laquelle l’artiste invite ses visiteurs à inscrire une phrase de leur choix. « Dans le salon, il y avait une grande toile couverte de phrases et de signatures laissées par les visiteurs. Des pots de peinture jonchaient le plancher. Il m’invita à signer », se souvient Man Ray. En 1921, le tableau est présenté au Salon d’automne. La même année, à l’occasion du « nouvel an cacodylate » qu’il organise au domicile de la chanteuse Marthe Chanal, Picabia sollicite les invités pour qu’ils complètent le tableau. L’œuvre devient ensuite un des ornements du légendaire cabaret Le Bœuf-sur-le-toit. Pour les historiens, L’Œil cacodylate est le témoignage d’une époque festive, celle des « années folles », un document sur le cercle des familiers de Picabia. Les historiens de l’art peuvent y voir la manifestation de cette révolution esthétique amorcée par les readymades de Marcel Duchamp, la consécration du prestige nouveau acquise par la seule signature de l’artiste, capable de transmuter l’objet le plus anodin en une œuvre d’art. Les ophtalmologistes peuvent à loisir voir dans le blanc de l’œil cacodylate un des plus célèbres monuments jamais érigés en hommage à leur discipline.
Didier Ottinger
Source :
Extrait du catalogue Collection art moderne - La collection du Centre Pompidou, Musée national d’art moderne , sous la direction de Brigitte Leal, Paris, Centre Pompidou, 2007