Kids

Harmony Korine, A Bundle a Minute, États-Unis, 1988, 5’, DVD, NB, vostf
Inspiré de sa propre vie d’adolescent, Harmony Korine y dresse le portrait débridé d’un jeune garçon avec humour et dérision.

Larry Clark, Kids, États-Unis, 1995, 91’, 35mm, coul., vostf, interdit aux - de 12 ans lors de sa sortie en salle
Harmony Korine a dix-huit ans lorsque Larry Clark lui propose d’écrire le scénario du film Kids. Il livre alors une histoire qui se déroule sur une journée, inspirée du quotidien de ses amis adolescents, de leur relation à l’amour, au sexe et à la drogue, avec pour fil rouge l’incontrôlable propagation du sida chez les jeunes, encore inconscients de ce fléau. Portrait réaliste et cru de la jeunesse américaine, ce film sans précédent suscite une vive polémique à sa sortie. Devenu culte depuis, il a révélé les comédiennes Chloë Sevigny et Rosario Dawson et a lancé la carrière de Harmony Korine qui réalise par la suite ses propres films. Le film Kids est sélectionné au festival de Cannes en 1995.

« Pourquoi ai-je ressenti devant Kids le même choc que devant Rumble Fish [Rusty James, 1983, F. F. Coppola] à sa sortie, ce même besoin de ne plus rien voir, de tout arrêter, de revenir et de revoir ? […] Il faut le dire. Trouver les mots justes. Accepter le mot cru, rejeter le mot sale. Rechercher les images justes, celles qui ne sont pas juste des images mais quelque chose de plus ou de moins. Parler des détails qui tuent, des détails qui blessent le regard blindé du spectateur d’aujourd’hui, du spectateur qui se croit immunisé, de l’immunodéprimé qui s’ignore et rejette Kids. […] Kids n’est pas du déjà-vu (au cinéma ou ailleurs) mais du déjà-vécu. Ce n’est pas un film qu’on voit mais un film qui nous regarde ; un film qui travaille la mémoire. […] Ce qui fait la singularité de Kids c’est l’accumulation des détails ; de détails qui déclenchent la mémoire involontaire. Larry Clark ne nous donne pas des signes à lire. Il enregistre des traces de matières excrémentielles liées à la procréation, à la ruine, aux rejets […]. » « Qu’est-ce qui s’est passé ? », Iannis Katsahnias, « Qu’est-ce qui s’est passé ? », Cahiers du cinéma, n° 498, janvier 1996