Giovanni Michelucci

Cette exposition est consacrée aux dessins de l’architecte italien Giovanni Michelucci (né en 1891).

Une œuvre peu connue en France, et pourtant vaste, de la gare Santa-Maria Novella de Florence de 1933 à l’agence de la banque « Monte dei Paschi di Siena » de Colle Val d’Elsa en 1983. Une oeuvre qui témoigne d’un certain pragmatisme et d’une foi en l’efficacité sociale de l’art de bâtir.

Voici un architecte formé au début du siècle à Pistoia dans l’entreprise familiale, qui travaille le fer, entraîné au respect artisanal du matériau, à la manipulation directe des choses et qui, lorsqu’il dessine, ne vise pas la précision technique, mais l’évocation expressionniste des formes. […] Pour lui, le projet d’architecture réside entre la vie du chantier et la vitalité du dessin libre, évocateur des espaces à venir. Il lui arrive même de continuer à dessiner un projet lors même que le bâtiment est construit comme dans le cas de l’église de l’autoroute de Florence ! […]

Son art est fondé sur une inlassable curiosité pour les matériaux, la pierre, le fer, le béton, le verre, la brique, et sur la conviction que les bâtiments doivent être au service du mouvement vital de l’existence des êtres humains. […] Aussi le contexte historique ou la qualité paysagère ne sont pas des invites à un repli frileux sur le pastiche ou l’intégration mimétique, mais, au contraire, le prétexte à un défi toujours relancé au conservatisme timoré.

Michelucci proclame en-dehors des courants de la mode, sa foi dans l’efficacité sociale de l’art de bâtir. Il n’est pas trop tard pour que la leçon de ce maître sans école, de cet architecte de quatre-vingt-seize ans, nous secoue et nous réveille de nos « sommeils dogmatiques ».

D’après Bruno Queysanne, CNAC magazine, n°42, 15 octobre 1987-15 janvier 1988