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Zapping Zone, Chris Marker

Propositions pour une restauration et migration de l'œuvre de Chris Marker

L'œuvre de Chris Marker, Zapping Zone (Proposals for an imaginary television) a été produite par le Musée national d'art moderne – Centre Pompidou dans le cadre de l’exposition « Passages de l’Image » en 1990. Composée de 13 postes de télévision, 7 stations informatiques (Apple II GS), 4 tableaux lumineux contenant 80 diapositives et 10 photomontages, cette grande installation interactive marque l'entrée de l'écriture numérique dans le champ de l'art à l'aube du « World Wide Web ». Jusqu’en 2007, lors de sa dernière présentation du vivant de Chris Marker, l’artiste n’a cessé d’y remettre la main, constituant une archive de 183 disquettes de travail.

 

Grâce à une bourse du LabEx PATRIMA porté par la Fondation des Sciences et du Patrimoine, le service Nouveaux médias du Musée national d’art moderne accueille pendant un an deux chercheurs, Agnès de Cayeux et Alexandre Michaan, pour travailler sur la restauration et la migration de cette œuvre majeure des collections du Musée. Le Centre de Recherche et de Restauration des Musées de France (C2RMF) est partenaire du projet. 

Le travail de recherche autour de l’œuvre Zapping Zone donne actuellement lieu à une étude approfondie de l’ensemble de la documentation historique conservée au Centre Pompidou sur la production et l’histoire matérielle de l’œuvre, avec pour objectif la valorisation de ce fonds documentaire et son accessibilité en ligne pour le public et les chercheurs. En parallèle, un chantier de documentation visuelle et technique des éléments – programmes informatiques, éléments photographiques, bandes vidéos – et de l’équipement vidéo et informatique est mené dans le cadre du projet, afin d’enrichir et de compléter ces informations historiques. Dans cette perspective, une documentation photographique et radiographique intégrale d’une station informatique Apple IIGS, dont l’œuvre mobilise 7 exemplaires, a été réalisée au C2RMF. Un travail de révision technique de l’ensemble de l’équipement d’origine de l’œuvre, informatique et vidéo, est également amorcé, et permettra notamment la réinstallation de Zapping Zone dans le respect de son dispositif historique complet (1990-1994), lors d’une exposition de l’œuvre prévue au printemps 2020 au Centre Pompidou.  

 

L’exposition de l’œuvre Zapping Zone dans une forme technologique fidèle à son dispositif originel sera, entre autres, une occasion de montrer au public certaines productions de Chris Marker présentes à l’origine dans l’œuvre et non exposées durant près de 25 ans. Les éléments documentaires historiques rassemblés et classés, ainsi que ceux produits au cours de l’étude, seront mis à disposition du public et des chercheurs au terme du projet de recherche. Un travail de réactivation des contenus informatiques de l’œuvre permettra en outre de produire des versions consultables de certains des programmes informatiques de Chris Marker obsolètes et originellement liés à l’Apple IIGS. 

 

Ce processus engage une réflexion critique sur les origines de l’art numérique et sur la pérennisation de dispositifs faisant un usage expérimental de technologies émergentes. Il s’agira de penser, à partir de la poétique de l’éphémère qui était celle de Chris Marker, la survivance des œuvres supposées « sans corps » que sont les œuvres audiovisuelles et numériques. 


Équipe scientifique

Agnès de Cayeux est plasticienne et chercheuse en art & culture numériques. Elle reçoit le prix de l’œuvre interactive de la SCAM 2007, conçoit la chambre de lecture vidéo-chat in my room avec Arte France-Unité de Programmes Cinéma et le Dicream. Elle publie Être mutant, moi connectée (L’Éclose, 2007). En 2007, elle réalise un film, Justagurl23, et en novembre, elle interroge avec le théâtre Paris-villette le territoire des réseaux comme une nouvelle scène. Elle a longtemps travaillé auprès du metteur en scène Jean-François Peyret. Pour une commande du Jeu de Paume, elle réalise l’agent conversationnel Alissa, figure virtuelle issue de sujets littéraires et cinématographiques.  En 2014, elle participe à la réactivation du programme Dialector 6 de Chris Marker sur Apple II. Elle réalise en 2016 Une jeune femme vue du ciel, inspirée du scénario Un amour d’U.I.Q. de Félix Guattari. Suite à une résidence Villa Médicis – Hors les murs au Groenland, elle présente une installation, Greenland Connect, à La Panacée – Centre de Culture Contemporaine de Montpellier. 

 

Alexandre Michaan est restaurateur du patrimoine, spécialisé dans la préservation des œuvres audiovisuelles et numériques. Après un parcours d'histoire de l'art à l’École du Louvre et de restauration du patrimoine à l’Institut national du Patrimoine, il se focalise sur les enjeux d'obsolescence technologique liés aux nouveaux médias dans l'art contemporain. Il travaille depuis 2014 comme restaurateur indépendant, avec plusieurs institutions dont le Centre Pompidou, le C2RMF, le Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris, la Maison Européenne de la Photographie et le Centre National des Arts Plastiques.