Rencontre
Paul B. Preciado
Une nouvelle histoire de la sexualité
6 mars - 1 juil. 2020

L'événement est terminé


Chaque année depuis 2017, le Centre Pompidou propose à un intellectuel invité de développer un projet conceptuel. En 2019, le philosophe Paul B. Preciado, un des penseurs contemporains les plus importants dans les études du genre, a entamé sa résidence au Centre Pompidou. Il envisage d’écrire une nouvelle histoire de la sexualité, et regarde le corps comme une « somathèque ».
Programme des séances
Vendredi 6 mars 2020
Paul B. Preciado propose ici une séance introductive et inaugurale de son séminaire public. Sa prise de parole s’accompagne de la performance de l’artiste new-yorkaise Narcissister, baptisée par le Huffigton Post « a topless feminist superhero ».
19h30, Grande salle, gratuit
Vendredi 27 mars 2020
Paul B. Preciado avance davantage dans la nouvelle histoire de la sexualité qu’il est en train de concevoir, quarante ans après celle proposée par Michel Foucault.
19h30, Petite salle, gratuit
Jeudi 2 avril 2020
Pour cette troisième séance, Paul B. Preciado invite María Galindo, écrivaine, artiste et cofondatrice du collectif féministe Mujeres Creando en Bolivie, à présenter sa vision des luttes transféministes.
19h30, Forum, gratuit, séance traduite en français
Jeudi 23 avril 2020
Cette soirée, pensée en partenariat avec Bulb, la nouvelle revue numérique du journal Libération consacrée aux idées, propose conférences avec Paul B. Preciado et des invité(e)s, une performance de l’artiste taïwanaise Betty Apple et DJ party.
19h30, Forum, gratuit
Jeudi 14 mai 2020
Paul B. Preciado est en conversation avec Sophie Lewis, théoricienne féministe installée à Philadelphie, et Sarah Diehl, écrivaine et réalisatrice de films basée à Berlin, activiste pour les droits internationaux à la reproduction.
19h30, Forum, séance traduite en français
Mercredi 20 mai 2020
Paul B. Preciado invite l’artiste visuel Cassils avec sa performance Becoming an Image, Performance Still N°4, qui se situe à l’intersection de la performance, de la photographie et de la sculpture. Cette pièce a été conçue à l'origine comme un travail spécifique pour les archives ONE Archives Foundation de Los Angeles, les plus anciennes archives LGBTQ actives aux États-Unis.
Avec le soutien du Canada Council for the Arts.
Dans le cadre de la saison de Spectacles vivants
20h30, Grande salle, 10 € tarif unique
Jeudi 11 juin 2020
L’artiste Shu Lea Cheang et Paul B. Preciado proposent une performance.
Avec le soutien du Centre culturel de Taïwan à Paris
Dans le cadre du festival « Move »
20h, Forum, gratuit
Vendredi 12 juin 2020
Shu Lea Cheang présente une mini-rétrospective de ses réalisations avec une sélection de trois films : Fresh Kill (1994), I.K.U. (2000) et FLUIDø (2017).
Avec le soutien du Centre culturel de Taïwan à Paris
Dans le cadre du festival « Move »
17h00, Cinéma 2
Mercredi 1er juillet 2020
Le spectacle Viril, mis en scène par David Bobée, présente une série de textes féministes et antiracistes, accompagnes par la musique du groupe post-rock Zëro et incarnes par les voix et les corps de la comédienne Béatrice Dalle, de l’auteure Virginie Despentes et de la chanteuse de rap Casey. A la fois archive sonore et manifeste choral, Viril donne à entendre des voix emblématiques des luttes raciales, sexuelles et de genre des cinquante dernières années : Valérie Solanas, Monique Wittig, les écrivaines afro-américaines Audre Lorde et June Jordan, l’activiste trans-communiste Leslie Feinberg, et des voix du féminisme contemporain comme Zoe Leonard, Itziar Ziga ou Paul B. Preciado. Viril se veut à la fois un choc esthétique pour celles qui ne connaissent pas les traditions lesbiennes radicales et antiracistes du féminisme, et un exercice joyeux de detoxification face aux discours dominants.
Dans le cadre de la saison de Spectacles vivants
20h30, Grande salle, 18 € tarif unique
Entretien avec Paul B. Preciado
Quarante ans après Michel Foucault, pourquoi écrire une nouvelle histoire de la sexualité ?
Paul B. Preciado – L’Histoire de la sexualité de Foucault a représenté un tournant conceptuel extraordinaire dans le dernier quart du 20e siècle. Après les années 1980, les études queer découlent en partie de ce choc. Toutefois, l’Histoire de Foucault présente d’importants problèmes critiques. En privilégiant l’histoire du 19e siècle ou les textes antiques sur le plaisir des corps masculins, Foucault ne travaille pas avec la notion de genre et délaisse les technologies du pouvoir qui opèrent sur le corps des femmes. Puis, il ne semble pas accorder suffisamment d’importance aux processus de colonisation dans l’invention du régime de la sexualité moderne. Comment penser le régime de la sexualité après l’invention de la pilule, après l’apparition du sida, après la relative normalisation du mariage pour tous, après l’invention des techniques de procréation assistée, ou après l’apparition des mouvements non-binaires de genre ? Foucault était parti chez les Grecs, je vais rester dans le présent et m’en aller dans les étoiles, en commençant par la recherche d’une nouvelle histoire de la sexualité fondée sur l’analyse des projets de « colonisation » de l’espace extra-terrestre créé par la Nasa, le SpaceX.
Vous parlez du corps comme une « somathèque ». C’est-à-dire ?
PBP – La notion du corps est une des plus imprécises en philosophie. L’idée moderne de corps en tant qu’ensemble d’organes, le corps-objet biologique, n’est qu’une des fictions politiques du discours anatomique et médical. Il est aujourd’hui nécessaire de faire place à la notion de somathèque, un appareil somatique dense et stratifié, pour nommer et intervenir sur l’ensemble des pratiques de (re)production, de gestion et de destruction du corps, mais aussi de résistance et de contre-culture. La notion de somathèque surpasse et inclut le corps-anatomie pour penser une archive politique et culturelle vivante faite de représentations, de langages et de codes informatiques et traversée de flux organiques et inorganiques. C’est pourquoi il me semble essentiel de pouvoir mettre en scène une histoire de la sexualité au Centre Pompidou, car le musée fonctionne dans la modernité comme une énorme machine à produire des signes et des représentations du corps et de la sexualité. Le Centre Pompidou est un des lieux clefs de production de ce que j’appelle la « somathèque ».
Quelle forme prend votre intervention au Centre Pompidou ?
PBP – Je voudrais que le programme public de recherche et d’action fonctionne comme un virus conceptuel, une prothèse politique implantée à la Somathèque-Pompidou qui prolifère à partir du 5 mars sous forme de séminaires, performances, séances de présentation de films, groupes de discussion, podcasts, présentations d’artistes, et interventions dans l’espace d’expositions. Il convoque, sans distinction hiérarchique ni disciplinaire, artistes, activistes, performeurs, cinéastes, écrivains, philosophes, historiens ou architectes.
Source :
Propos recueillis par Jean-Max Colard
Chef du service de la Parole, département Culture et Création, Centre Pompidou
In Code couleur n°36, janvier-avril 2020, p. 40-41
Où
Petite Salle
Grande Salle
Forum
Quand
6 mars - 1 juil. 2020
Manifestation reportée