Cinéma / Vidéo
Harmony Korine
Rétrospective
6 oct. - 5 nov. 2017
6 oct. - 5 nov. 2017
L'événement est terminé
Le cinéaste et artiste américain, Harmony Korine est une des figures artistiques les plus inventives de ces vingt dernières années. Il a réalisé cinq films et des courts métrages (Gummo, Spring Breakers) qui scrutent la jeunesse américaine. Il est également peintre et écrivain. Le Centre Pompidou, avec le Festival d’Automne, organisent la première rétrospective et exposition de ses œuvres en France.
Entretien avec le cinéaste
Sylvie Pras / Eva Markovits ‑ Votre carrière a décollé, à 18 ans, avec Kids, aux côtés du photographe Larry Clark.
Harmony Korine ‑ Un jour, j’étais assis près d’une fontaine à Washington Square Park à New York et Larry était là. Il prenait des photos. Il m’a demandé ce que je faisais. Je lui ai répondu que je réalisais des films. J’en avais déjà fait plusieurs à l’école, enregistrés sur des VHS. J’ai dû lui en donner une. Le lendemain, il m’a appelé pour me dire qu’il les trouvait intéressants, qu’il souhaitait aussi faire des films et m’a demandé si je pouvais écrire un scénario pour lui. J’ai écrit très vite sans ligne directrice. Je connaissais les acteurs du film ‑ c’était mes amis ‑, leur langage, le rythme et la cadence de leur argot. Ce film se déroulait comme un monologue intérieur. C’était excitant parce que je n’avais rien vu de pareil, à cette époque, sur la jeunesse aux États-Unis.
SP/EM ‑ Comment avez-vous réalisé votre premier film Gummo ?
HK ‑ Je ne l’imaginais pas construit de façon linéaire. J’ai eu l’idée d’une tornade : je voulais que le récit y ressemble. J’avais juste des images en tête. En plaçant les scènes les unes après les autres de façon quasi aléatoire, un genre de sens discordant apparaissait. C’est comme si les pages d’un livre manquaient aux bons endroits. À partir des personnages et de ce qu’ils racontent, ce que j’essaie d’obtenir est une expérience physique : une sensation de malaise, de confusion, de transcendance, de gêne, d’humour.
SP/EM ‑ Pouvez-vous parler de Spring Breakers, votre dernier film en date
HK ‑ J’ai voulu faire un film comme un poème pop. Le « spring break » est comme un rite ici, aux États-Unis. La première image qui m’est apparue était celle de jeunes filles en bikini sur la plage qui dépouillent des touristes. J’ai écrit le scénario très vite. Il ne doit pas comporter plus de trente lignes de dialogues, ce qui donne cette sensation de répétition dans le film, comme une boucle musicale.SP/EM ‑ Vous définiriez-vous comme cinéaste ?
HK ‑ Le cinéma est la première chose dont je suis tombé amoureux mais j’aime l’art en général : les films, la musique, la peinture, la sculpture, l’écriture… je ne me suis jamais considéré comme attaché à une forme en particulier. Je suis reconnu en tant que cinéaste mais je ne me définis pas uniquement ainsi. J’ai toujours eu l’habitude de peindre, de dessiner et de réaliser des œuvres d’art, mais dans un cadre privé. Les films étaient publics et les œuvres étaient plus personnelles. J’ai été plus lent à montrer ce travail et c’est seulement depuis quelques années que j’ai commencé à sentir que je pouvais le faire.
Source :
in Code Couleur, n°29, septembre-décembre 2017, pp. 38
Où
Cinéma 2
Cinema 1
Petite Salle
Quand
6 oct. - 5 nov. 2017
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