Exposition / Musée
Les immatériaux
28 mars - 15 juil. 1985
L'événement est terminé
L'exposition Les Immatériaux est une sorte de dramaturgie posée entre l’achèvement d’une période et l’inquiétude d’une époque naissante à l’aube de la postmodernité, et en ce sens, relève d’un projet tant philosophique qu’artistique. Elle cherche à éveiller une sensibilité déjà là, à faire sentir l’étrange dans le familier, et combien il est difficile de se faire une idée de ce qui change.
Un tourbillon de chemins arrêtés où vous tracerez le vôtre : sites de biogénétique et d’arts plastiques, d’architecture et d’astrophysique, de musique et d’alimentation, de physique et d’habillement, un labyrinthe de machines de langages, l’habitat et la photographie, l’industrie et le droit. Des kilomètres de câblage invisible. Et nos questions : la réalité, le matériau, les matériels, les matrices du sens, et qui en est l’auteur ?
Dans tous les domaines de la recherche, la matière qui constitue ce qu’on appelle des « objets » se rejoint en des complexes spécifiques d’interactions entre des micro-éléments. La « matière » est toujours un état de l’énergie. L’énergie est immatérielle. L’esprit et le corps de l’homme n’échappent pas à cette analyse. L’homme ne serait rien sans le flux continu d’interactions qui relie l’homme et les choses. La techno-science s’avère elle-même une sorte de prothèse intelligente offerte à la réalité pour se connaître.
Les technologies nouvelles remettent-elles en question un certain nombre des idées admises qui caractérisent la modernité ? Le projet moderne d’émancipation de l’humanité, d’affranchissement par le développement des connaissances, par la maîtrise des arts et des métiers, par l’extension des libertés, ce projet né du « siècle des lumières » est-il encore fédérateur et opérant en cette fin de siècle ?
Il ne s’agit pas d’expliquer mais de rendre sensible au public cette problématique par les formes sous lesquelles elle apparaît dans les arts, les littératures, les techno-sciences et les modes de vie. Cette manifestation ne fait qu’en présenter aux yeux et aux oreilles certains des effets comme le ferait une œuvre d’art.
Le sujet même de la manifestation remet en cause la présentation traditionnelle des expositions, héritières des salons du XVIIIe siècle et des galeries. Ici les cimaises sont remplacées par des trames variant de la transparence à l’opacité, appelant plusieurs sortes de regards portés sur la proximité. La lumière, entièrement contrôlée leur donne une intensité, une chaleur, une couleur, des limites. La disposition de ces « semi-écrans », suspendus, permet au visiteur de choisir « semi-librement » son parcours. Il n’est pas contraint, mais induit.
D’où viennent les messages qui nous sont proposés (quelle est leur maternité)?
A quoi se référent-ils (à quelle matière se rapportent-ils)?
Selon quel code sont-ils déchiffrables (quelle en est la matrice)?
Sur quel support sont-ils inscrits (quel est leur matériau)?
Comment sont-ils transmis aux destinataires (quel est le matériel de cette dynamique)?
Ces séquences sont illustrées par des objets empruntés à des domaines hétérogènes (peinture, biologie, photographie, architecture, astrophysique, musique, etc.), regroupés sous le régime d’une question unique, qui en éclaire un aspect de la complexité.
Quand
tous les jours sauf mardis